Le tribunal administratif de Paris a estimé que la médecine anthroposophique ne devait pas être classée parmi les méthodes thérapeutiques à risque sectaire et a demandé au Premier ministre de la retirer de son guide "Santé et dérives sectaires".
Dans son jugement rendu le 20 avril, le tribunal enjoint le Premier ministre, dont dépend la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), de publier sa décision dans les trois mois sur le site de la Miviludes. Il accorde 2 000 euros de préjudice moral à l'association requérante, le "CEP MEP SMA", principale organisation de médecins anthroposophiques de France.
Dans un communiqué, cette dernière a salué la décision en s'interrogeant sur les raisons qui ont conduit les autorités à « jeter le discrédit sur ce courant thérapeutique (...) bien établi en France, répandu dans 22 pays européens et 38 dans le monde » et « pratiqué exclusivement par des docteurs en médecine ». La Miviludes a indiqué à l'AFP qu'elle envisageait de faire appel.
Une approche médicale fondée par un philosophe
En décembre 2017, la justice administrative avait déjà donné tort à la Miviludes sur une méthode de kinésithérapie, la fasciathérapie. Un pourvoi en cassation doit être examiné par le Conseil d’État. « Les promesses et recettes de guérison, de bien-être et de développement personnel sont au cœur des pratiques à risque sectaire », explique la Miviludes. Son guide paru en 2012 vise à « repérer les situations de danger ». « Ces pratiques de soins non éprouvées (...) peuvent conduire des patients à des comportements d'adhésion, les détourner de traitements efficaces ce qui constitue une perte de chance » d'être guéri, fait valoir la Miviludes. C'est dans le « lexique des méthodes les plus répandues (...) ayant en commun, leur dangerosité potentielle » et « de permettre à leurs concepteurs d'obtenir des revenus très confortables », qu'apparaît la médecine anthroposophique. Cette méthode y est définie comme « une approche médicale fondée sur l'anthroposophie, un système social et philosophique créé au début du XXe siècle par le philosophe d'origine autrichienne, Rudolph Steiner », avec cette observation: « l'anthroposophie propose une vision du monde humaniste qui intègre les dimensions matérielles et spirituelles de l'être humain ».
Les critères de dangerosité pas démontrés
À l'audience, le représentant du Premier ministre avait fait valoir que la Miviludes s'était bornée à rappeler que cette pratique n'était « pas officiellement reconnue par les autorités médicales » et « qu'aucune évaluation » n'avait été faite permettant de la « reconnaître légalement ». Mais pour le tribunal, la mission anti-sectes n'a pas démontré que cette médecine remplissait les critères de dangerosité cités dans le guide comme « la déstabilisation mentale », « le caractère exorbitant des exigences financières » ou encore « l'importance des démêlés judiciaires ».
Avec AFP
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