Après trois ans d’absence, le Dr Grégory Pamart, 36 ans, vient de rouvrir, fin novembre, son cabinet de médecine générale dans la petite ville de Jenlain (Nord), dans un secteur fragile.
En septembre 2021, le généraliste était devenu, au plus fort de la crise Covid, un symbole de la mouvance « antivax » en refusant de se faire vacciner contre le virus. Un choix qui lui avait valu alors une interdiction d’exercer, à l’instar des soignants non-vaccinés contre le Covid-19.
En juin 2023, le médecin avait ensuite écopé d’une interdiction d’exercice d’un an (dont 6 mois avec sursis) pour ne pas avoir porté le masque en consultation et ne pas l’avoir rendu obligatoire pendant l’épidémie Covid alors qu’il avait repris une activité au service des urgences de l’hôpital de Maubeuge.
Ni homéopathe, ni naturopathe mais…
De surcroît, le jeune généraliste avait hérité d’un blâme de la chambre disciplinaire de l’Ordre des Hauts-de-France pour un mail « d’information » envoyé à ses patients dans lequel il déclarait ne pas être favorable à la vaccination contre le Covid pour les 12-18 ans. Le Dr Pamart avait toutefois précisé qu’il se plierait à leur demande.
Depuis deux semaines, le Dr Pamart a donc retrouvé ses anciens locaux. Une décision pour laquelle il confie avoir longtemps hésité, « avec l’histoire que tout le monde connaît ». Cette histoire, comme il dit, a-t-elle eu depuis une incidence sur sa vision de la médecine et de la science ?
« Je suis conventionné et je n’ai pas de pratique originale. Je ne suis ni homéopathe, ni naturopathe, avance-t-il au Quotidien. Je pratique la médecine telle que je l’ai apprise durant mes études médicales et aussi auprès de mes patients. Je reste un médecin qui pratique la médecine académique avec ce qu’elle a à proposer. Mais je pense aussi qu’il y a autant de médecine que de médecins. À chaque patient, on va proposer quelque chose qui lui est personnel. La médecine individuelle est quelque chose à laquelle je suis vraiment attaché ». Refusant d’endosser l’étiquette d’antivax « qui vise à discréditer et délégitimer » , il revendique plutôt une forme de « prudence vis-à-vis du médicament » en général « et de celui-là en particulier, qui avait la particularité d’être une technologie un peu nouvelle ».
Un retour qui ne passe pas inaperçu
Son retour devant ses patients, en tout cas, n’est pas passé inaperçu. Ni dans la commune de 1 200 habitants, privés de généraliste pendant trois ans, ni dans les bourgs voisins qui souffrent aussi de la désertification médicale. « Mon planning s’est rempli rapidement et on me demande souvent d’être médecin traitant », confie le Dr Pamart.
Le généraliste affirme ne pas avoir eu à faire face à des réactions d’animosité de la part de ses confrères du territoire. « Nous sommes sur un secteur en tension, il y a eu plusieurs départs à la retraite pendant la période de fermeture de mon cabinet. J’imagine que, dans ce sens-là, mes confrères sont soulagés de voir arriver un nouveau médecin, quel qu’il soit. En tout cas ceux qui pourraient se poser des questions ne me les ont pas posées directement », poursuit le généraliste trentenaire. De fait, l’Union régionale des professionnels de santé médecins libéraux (URPS ML) Hauts-de-France, par la voix du Dr Pierre-Marie Coquet, président de la commission généraliste, déclare ne pas prendre position. « Les choses jugées sont des choses jugées », évacue le généraliste de Maubeuge.
Fin des procédures disciplinaires ?
Pour autant, le Dr Pamart n’en a pas terminé avec ses démêlés ordinaux.
Les suites d’une autre procédure à son encontre doivent être examinées ce mercredi 11 décembre par la chambre disciplinaire nationale, à Paris. Le chef d’accusation ? Avoir soigné en décembre 2021 un malade du Covid avec de l’Ivermectine (traitement non validé par les autorités sanitaires), alors que lui-même n’avait plus le droit d’exercer. Une intervention qui lui avait valu un blâme de l’Ordre régional.
Là encore, le médecin généraliste espère plaider sa cause. « J’espère que, demain, les médecins qui seront présents comprendront ma démarche. Maintenant, s’ils veulent faire un exemple de mon cas, j’en assumerai les conséquences ».
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