Six mois de prison avec sursis : c'est finalement la sentence qui a été retenue contre le chirurgien et l'anesthésiste du Kremlin-Bicêtre mis en cause pour le décès d'une fillette survenu en 2009 dans ce CHU du Val-de-Marne. Le tribunal correctionnel de Créteil a été moins sévère que le procureur qui, à l'issue de l'audience début novembre, avait requis 12 à 18 mois de prison avec sursis à l'encontre du premier et 8 à 10 mois avec sursis pour la seconde.
Les deux médecins étaient poursuivis dans une affaire d'erreur médicale survenue le 25 septembre 2009. Camille, 6 ans, subissait ce jour-là une intervention pour mettre un terme à ses infections urinaires chroniques et devait ensuite décéder d'une septicémie, alors que ni le chirurgien, ni l'anesthésiste n'avaient pensé à consulter les examens bactériologiques obligatoires avant l'admission au bloc.
À l’issue du verdict, Monique, mère de Camille, s'est dite satisfaite : "Même si ce n'est que du sursis, ça marque le coup. On n'a pas fait ce procès pour rien." Surtout, elle est "soulagée" que l'anesthésiste, qui a toujours rejeté sa responsabilité dans le drame, ait reçu la même peine. Pour sa défense, l'anesthésiste avait en effet expliqué que les résultats de l'examen ne figuraient pas dans le dossier d'anesthésie mais dans celui de chirurgie. Elle avait également rejeté la faute sur un interne de garde pour se justifier de ne pas s'être déplacée au chevet de la fillette, qui se plaignait de douleurs, trois jours après l'intervention.
Absente au délibéré, la praticienne, toujours en poste dans le même hôpital et dont l'avocate avait plaidé la relaxe, dispose de dix jours pour faire appel. Présent, le chirurgien, 69 ans, aujourd’hui à la retraite, est resté impassible à l'énoncé du jugement. À l'audience, il avait dit "penser tous les jours à Camille" et ne pas s'expliquer son erreur : "En 35 ans de chirurgie, j'ai toujours tout vérifié."
L’AP-HP, qui gère l'établissement, a écopé d'une amende de 15 000 euros, dont 10 000 euros avec sursis. Les deux médecins et l'AP-HP devront également verser 10 000 euros de dommages et intérêts aux parents.
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