La réforme du système de santé présenté mi-septembre par Emmanuel Macron, devra « donner la priorité aux territoires », a souligné le patron de l’Ordre, le généraliste Patrick Bouet (photo) en marge de la présentation de l’édition 2018 de l’Atlas de la démographie médicale.
Si le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) partage les objectifs du plan « Ma santé 2022 », le Dr Bouet a prévenu que l'Ordre « s’inscrirait en faux » en cas de simples « colmatages » et fixé ses conditions pour la soutenir : inclusion de l’ensemble des acteurs du soin, véritable démocratie sanitaire et réaffirmation du principe de solidarité du système, issu des ordonnances de 1945 (créatrices de la Sécurité sociale, ndlr).
Mobilisation de tous les acteurs
L'Ordre s'inquiète des conséquences du déploiement de 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) d’ici à 2022, l’une des mesures phares de « Ma santé 2022 », qui vise à faire de l’exercice isolé une exception. La participation à une CPTS, maison de santé pluriprofessionnelle ou encore équipe de soins primaires, devrait ainsi être nécessaire pour accéder à certains financements, comme celui d’un poste d’assistant médical.
Soulignant que l’Ordre a vocation à accompagner les CPTS, Patrick Bouet estime néanmoins que « ces organisations seules, sans que ne soit défini dans un plan local de santé et une coopération de tous les acteurs seraient une priorité inadaptée par rapport à une territorialité réussie ». Selon le président de l'Ordre, les financements massifs des exercices regroupés ont eu impact considérable sur les cabinets isolés en les marginalisant et en les « appauvrissant ».
« Il faut penser hôpital, il faut penser médicosocial, il faut penser paramédical, exercice libéral, énumère le Dr Bouet. Et donc au-delà de l’organisation structurelle d’une CPTS, il faut organiser un vrai plan local d’organisation territoriale du système de santé et que celui-ci soit inclusif. » Le patron de l’Ordre insiste sur la nécessité de ne pas reproduire « les erreurs du passé » en créant des « dotations, des financements ou des subventions » destinés à « certains types d’acteurs répondant à des normes nationales ». Celles-ci ont selon lui contribué au « vieillissement accéléré du cabinet mono disciplinaire et individuel ».
Former les étudiants dans les territoires
Le Dr Bouet estime par ailleurs indispensable, dans le cadre de la réforme des études de santé à venir, de « déconcentrer la formation pour aller plus dans les territoires et ainsi être beaucoup plus proche des exercices à venir ». Le développement des stages en cabinet permettrait d'améliorer l’accès aux soins, alors que l’Ordre prévoit une diminution du nombre de généralistes en activité régulière jusqu’en 2025.
« Chaque année il y a 30 000 à 35 000 internes – en incluant les étudiants en médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique (sages-femmes) – qui pourraient sortir de l'hôpital et aller se professionnaliser dans les territoires », estime ainsi le Dr Bouet.
Enfin, le patron de l'Ordre a rappelé son opposition à toute contrainte à l'installation, qui « serait un non-sens » dans un contexte de « carence majeure » et qui ferait se détourner de la pratique libérale des futurs médecins au profit de l'hôpital. A contrario, Patrick Bouet préconise davantage d’incitations « non pas financières, mais par la création de capacités d'accueil ».
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique