« C’est un peu la course à l’échalote ! » Invité des Contrepoints de la santé, à Paris, ce mercredi, le Dr Luc Duquesnel (photo), président des Généralistes-CSMF, a souligné que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) n’étaient pas l'unique modèle de coordination des acteurs de soin. Le généraliste de Mayenne porte un regard critique sur ce mode d'organisation territoriale qu'Emmanuel Macron et Agnès Buzyn souhaitent généraliser. Le chef de l'État a annoncé son objectif de créer 1 000 CPTS d’ici à 2022, lors de la présentation du plan « Ma Santé 2022 » mi-septembre. La France en compte aujourd'hui 200.
Le Dr Duquesnel regrette ainsi que certaines agences régionales de santé ne créent des CPTS que pour faire bonne figure. « Finalement on parle peu du contenu », observe-t-il. Et le président des Généralistes-CSMF de souligner que des organisations territoriales sont finalement déjà des CPTS, sans en porter le nom.
Pour le généraliste mayennais, la méthode employée pour déployer ces communautés territoriales n’est pas adaptée, entraînant des réticences des professionnels de santé de terrain à se coordonner. « Ils se disent : "Pourquoi ? C’est quoi ce machin ? Cela va encore être du travail administratif !"… Demain ces organisations s'appelleront des CPTS. Mais ne commençons pas par leur parler de ça », plaide Luc Duquesnel.
De fortes différences entre les ARS
Critique mais pas hostile aux CPTS, le Dr Duquesnel compte sur les agences régionales de santé pour accompagner davantage les médecins de terrain à se lancer dans la création de ces organisations, même si certaines le font déjà (la Normandie compte par exemple une soixantaine de CPTS, ndlr). « La politique d’une ARS est très dépendante de son directeur, constate le Dr Duquesnel. Dans certaines régions, les professionnels libéraux ont du mal à dialoguer avec l’ARS pour l’aider à mener à bien les projets. »
« Certaines ARS financent, avec les URPS, des chargés de missions pour nous accompagner car, premièrement : on ne sait pas faire. Et deuxièmement on n’a pas le temps ! », lance-t-il. Le président des Généralistes-CSMF aimerait donc que les agences régionales échangent davantage entre elles, reproche qu’il a déjà formulé par le passé.
Un souhait partagé par Aurélien Rousseau, directeur de l’ARS Île-de-France depuis septembre qui s'est dit « évidemment convaincu » de la nécessité pour les ARS d'effectivement partager davantage. La mission première des ARS, a rappelé le patron de l'Agence francilienne, est d'accompagner les professionnels de santé dans la constitution des communautés professionnelles.
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