Je me souviens, j'étais externe dans un hôpital, j'ai assisté à une consultation d'un médecin professeur de médecine. Au bout de 5 minutes, concernant la consultation d'un enfant accompagné par son père, ce dernier, exaspéré, s'est levé, interrompant le professeur, et dit : « excusez-moi Monsieur le professeur, je suis le père de cet enfant, mais je suis aussi son médecin ». Le professeur s'est alors levé, et a dit : « Oh ! excusez-moi, j'ai oublié de vous dire bonjour ». Voila comment étaient considérés les patients il y a 40 ans Heureusement, depuis, les politiques modernes ont imposé les protocoles, et j'ai ouï-dire qu'en certains endroits, dans le protocole, il y avait une case à cocher : « Avez-vous dit bonjour au patient ».
Je me souviens, c'était en dernière année du cursus médical, au moment de l'examen que l'on appelait alors « les cliniques ». À côté de moi, un autre étudiant était interrogé par un professeur au sujet des complications des phlébites. Réponse (en résumé) de l'étudiant :
- embolies cérébrales.
- Très bien, c'est tout ?
- Euh...des embolies pulmonaires aussi.
- Ah, très bien, et pourquoi une fois l'un, une fois l'autre ?
- euh... parce que le poumon est un filtre, donc quand le caillot est trop gros, cela fait une embolie pulmonaire, quand il est plus petit, il franchit le filtre et provoque alors une embolie cérébrale.
Eh bien, l'étudiant a été reçu à son examen ! Certes, il était en dernière année du cursus... Il faut dire aussi, que le seul professeur digne à mes yeux de porter le titre de Professeur que nous avons eu – c'était rappelons-le il y a 40 ans – était un chirurgien compétent, humain, capable d'avoir un enseignement digne de ce nom, mais c'était un médecin qui n'était pas hospitalier, dont le nom était le nom du village de ses ancêtres creusois, pas un Parisien, bref, un homme de terrain; un vrai « maçon de la Creuse » aimant son métier, ayant le sens de l'effort et de la persévérance, sachant observer sa pierre, la caresser, l'interpréter, la personnaliser, pour en faire une œuvre d'art. Partir du simple pour arriver à la complexité invisible.
Il est vrai, à l'époque, pour certains, la médecine était encore considérée comme un art et se devait d’être transmise par compagnonnage. Il faut dire que maintenant, pour éviter le chahut secondaire à l'incapacité d'enseigner, l'enseignant est remplacé par une bande magnétique qui parle. Disons aussi qu'à mon époque, un professeur nous avait dit qu'il était inutile d'assister à ses cours, qu'il suffisait d'apprendre ses polycopiés. Je me souviens aussi, au lycée, en dictée, le barème était cinq fautes égal zéro. Aujourd'hui, tout le monde ou presque aurait zéro. Alors, on a créé de nouveaux protocoles pour que tout le monde ou presque, sans effort ni persévérance, ni réflexion n'ait pas zéro. Chacun peut alors devenir expert, mais dans un domaine très circonscrit, et domaine réservé diplôme oblige.
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