Interpellé par les signataires de la tribune des 124 professionnels de santé contre les médecines complémentaires, l’Ordre a profité d’un point presse mardi matin pour effectuer une « mise au point ».
Dans un court texte adopté en session plénière jeudi dernier et diffusé sur son site, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) rappelle notamment que la médecine doit être exercée « conformément aux données acquises de la science et à l’état de l’art ». « La prise en charge médicale d’un patient doit être conforme aux exigences de qualité et de sécurité des soins, voire de leur urgence », précise l'Ordre dans cette mise au point, qui souligne dans le même temps que le traitement préconisé par un médecin « peut comporter une prescription adjuvante ou complémentaire, médicamenteuse ou autre, que le médecin apprécie en conscience dans chaque situation, après avoir délivré au patient une information loyale, claire et appropriée ».
Dans ce texte, l'Ordre se garde bien de présenter une position tranchée. Son vice-président, le Dr Jacques Lucas, a répété que le CNOM n’avait « aucune compétence sur le plan scientifique » et ne pouvait ainsi pas juger de l’efficacité de l’homéopathie.
Aux universités de faire le tri dans les diplômes
Peu après la parution de la tribune, l’Ordre avait demandé à la ministre de la Santé, à l’Académie de médecine et à la Haute autorité de santé (HAS) de se saisir du sujet. Le conseil national attend désormais une « évaluation actualisée et impartiale », a indiqué le Dr Lucas.
« Ce que nous avons demandé se met en place », a fait valoir le Dr Patrick Bouet. Le patron de l'Ordre a affirmé que le CNOM tiendrait compte de cette évaluation. « Si au terme de tout cela, il y a la confirmation par l’Académie et la HAS que l’homéopathie n’est pas efficace, comment voulez-vous que l’Ordre n’en tire pas les conclusions, a-t-il interrogé. Bien sûr que le CNOM le fera et j’espère que l’université, les associations de formation et l’agence nationale du DPC le feront aussi ! »
Bientôt le ménage sur les plaques ?
L’Ordre entend donc revoir les mentions autorisées sur les plaques des praticiens, « à la fois pour les élargir et probablement aussi pour les rétrécir » : « l’Ordre n’a pas à autoriser tout ce qui n’aura pas fait la preuve de son utilité et de son efficacité », a indiqué Jacques Lucas.
« Médecin homéopathe, ça n'existe pas », a poursuivi Jacques Lucas. L'Ordre est favorable à la disparition de cette expression des plaques des médecins, souhaitant qu'elles ne mentionnent que des spécialités reconnues. La mention « homéopathie » reste autorisée, en dessous par exemple de « médecin généraliste » ou « médecin cancérologue ».
Le Dr Bouet a ainsi fait valoir que l’Ordre ne délivrait pas les diplômes de médecine complémentaire et qu’il appartenait aux universités de faire le tri dans les diplômes délivrés. Et de souligner : « l’Ordre se doit d’agir dans le cadre général de la réglementation ».
Un délai de deux à trois ans pour les plaintes
Le Dr Jacques Lucas en a également profité pour revenir sur les plaintes pour anti-confraternité déposées contre certains signataires par un collectif. Le vice-président de l’Ordre a prévenu que la procédure serait « très longue » en l’absence d’arrangement entre les deux parties. Les plaintes pourraient n’être traitées que d’ici à 18 mois, voire 36 en cas d’appel. « Le conseil national pourrait peut-être amener les parties à réévaluer la situation », a indiqué le Dr Lucas.
Au sujet du motif des plaintes, Jacques Lucas a déclaré que « la confraternité ne consiste pas à se taire dans l’espace public. Mais d’avancer des arguments et non pas des opinions ». « Les chambres disciplinaires auront à juger sur ce point », a-t-il complété.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique