Le Généraliste. à la veille de votre départ de la présidence de la CSMF, quel regard portez-vous sur ces douze années à la tête de ce syndicat et sur quasi trente ans de syndicalisme ?
Michel Chassang. Quand on commence à exercer, on perçoit très vite les limites de notre métier. C’est à ce moment que l’on prend conscience que ce n’est pas seul qu’on peut changer les choses. C’est ce qui m’a amené à m’engager dans une structure syndicale.
Ce sont des années d’action mais aussi de réflexion et, surtout, une volonté farouche de faire bouger les lignes que je retiens. Nous sommes parvenus à sauver quelques digues, en particulier le fait que la médecine libérale existe toujours.
Quels sont vos meilleurs et plus mauvais souvenirs ?
M.C. La plus belle victoire c’est celle des généralistes de 2002, après avoir mis en place un mouvement, dès l’automne 2001, auquel personne ne croyait, reposant sur une double aspiration : être mieux rémunéré et avoir une meilleure qualité d’exercice. Avec ce mouvement, nous sommes parvenus à faire que la consultation du généraliste soit augmentée – elle est passé de 17,53 à 20 euros dans un premier temps – et que la garde médicale soit facultative, reconnue comme mission de service public et honorée. à cela s’ajoute l’accession à la présidence de la CSMF… (sourires) L’année 2002 était un bon cru ! Les luttes intestines à l’intérieur du corps médical figurent, elles, parmi les mauvais moments.
N’est-ce pas une difficulté supplémentaire pour la CSMF de changer de président alors même que des négociations vont débuter et qu’avec la Stratégie nationale de santé une réforme est en préparation ?
M.C. Le projet confédéral a été voté à l’unanimité en décembre dernier et la CMSF assure une continuité. Les deux prétendants au fauteuil de président de la CSMF sont tous deux membres du bureau actuel de la CSMF et sont parties prenantes dans les orientations que nous avons prises au sein de notre syndicat. Tous deux sont pleinement compétents pour assurer la continuité et aucun ne s’inscrit comme candidat de rupture. Personne à l’extérieur n’a à redouter un changement de cap de la part de la CSMF.
À quels défis va devoir se confronter la CSMF dans les prochains mois ?
M.C. Il y a tout d’abord un calendrier avec des élections nationales – municipales puis européennes – et un remaniement ministériel est sans doute à prévoir. Il y aura peut-être un changement de locataire avenue de Ségur. Et puis, ensuite, il y a un contexte économique difficile. On parle d’un ONDAM à 1,75% pour 2015 alors que celui de 2014 a été fixé à 2,4% (NDLR : un seuil déjà historiquement bas). Troisième élément, il y a un changement de présidence prévu cet été à la CNAM et d’équipe à l’automne. Enfin, il y a des négociations qui s’ouvrent. Pour l’instant, elles sont interprofessionnelles mais devront déboucher de toute façon sur une négociation professionnelle. Personne n’imagine continuer avec la valeur des actes qui est celle d’aujourd’hui. Nous aurons également à préparer une nouvelle convention pour l’année 2016. C’est demain ! Il y a beaucoup de travail à un moment où la société doit faire face à beaucoup de mutations.
Quels conseils donneriez-vous à votre successeur ?
M.C. Il faut d’abord préserver l’unité du corps médical et prendre garde à ne pas monter une fraction médicale contre l’autre. Il faut également préserver l’idée d’un système de conventionnement national et collectif qui peut se décliner en région, mais pas l’inverse. Le troisième conseil que je donnerais, c’est de tout faire pour conserver une médecine libérale et sociale. Le métier de syndicaliste et en particulier lorsque l’on est président de la CSMF – un travail quotidien titanesque – mobilise énormément d’énergie. Le conseil c’est surtout ça : on fédère, on ne divise pas, on rassemble, on avance, on propose et on consulte son équipe.
Est-ce qu’il y a une vie après la CSMF ?
M.C. Bien sûr ! Il y a d’abord une vie personnelle et professionnelle. Je vais continuer à exercer comme je l’ai toujours fait voire un peu plus. Je suis aussi depuis un an président de l’UNAPL et cela demande beaucoup d’investissement.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique