Lors de l’assemblée générale des délégués, samedi 27 septembre 2025, la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf) s’est montrée offensive, soucieuse à la fois de défendre son bilan et ses réserves mais aussi de parer les menaces éventuelles qui continuent de planer.
La période reste délicate. Pour les trois régimes gérés par la Carmf (complémentaire, ASV et invalidité-décès), les produits se sont élevés à 2,54 milliards d’euros (cotisations et résultat financier) alors que les charges ont atteint 2,97 milliards d’euros. Après imputation d'un résultat net négatif de 433 millions d'euros, les réserves au 1er janvier 2025 s'établissent à 5,92 milliards d'euros, en dessous de la barre des six milliards. La caisse de retraite des médecins libéraux reste donc solide mais il ne faut pas baisser la garde.
La Carmf souligne avoir évité le pire ces derniers mois sur la question sensible de l’exonération de cotisations retraite des médecins en cumul. Le vent du boulet est passé tout près lors de l’examen de la loi Sécu précédente (LFSS 2025). La Carmf est parvenue in extremis à limiter considérablement la perte de recettes, initialement évaluée à 350 millions d’euros, à 30 millions d’euros. « Si le décret avait été appliqué tel quel, avec 350 millions de pertes, soit 10 % de nos recettes annuelles, nous aurions dû abaisser la valeur des points de retraite de 8 % », a expliqué avec gravité le Dr Olivier Petit, président de la Carmf, à l’issue de son assemblée générale face aux délégués. La vigilance sera à nouveau de mise cette année.
Guichet personnalisé
Mais au-delà de ce travail défensif, l’organisme entend innover avec la création d’un service maison dédié aux médecins libéraux « cumulards ». De fait, le passage à la retraite active s’accompagne de démarches administratives complexes et de règles différentes selon les régimes (base, complémentaire, ASV). L’objectif est de proposer un parcours clair et adapté à chaque confrère. « Nous avons conçu un vrai choc de simplification : se mettre à la place du médecin, proposer directement ce qui est le plus simple et le plus efficace pour lui, avec des documents et des process réduits au minimum, énumère le Dr Petit, lui-même généraliste dans le Rhône. L’idée, c’est que le passage en cumul devienne un non-événement administratif. »
Le service fonctionnera comme un guichet personnalisé. Au moment du passage en cumul emploi-retraite, le médecin recevra une proposition « clé en main ». Les documents seront simplifiés et centralisés, avec l’objectif aussi de réduire au minimum les frictions administratives. Deux personnes travaillent à temps plein sur le dispositif, prévu pour être opérationnel en ce mois d’octobre 2025. « Ce service va engendrer des frais significatifs pour la Carmf, admet le patron de la caisse. Mais nous avons choisi d’en faire une priorité car il répond à une attente forte des médecins “cumulants” et il apportera, à terme, plus de simplicité et d’équité. »
Revenus et ASV : réparer une injustice
Autre avancée dans les tuyaux : la possibilité pour les médecins en cumul de déclarer une estimation de revenus en année N pour le régime ASV. Aujourd’hui, cette option existe pour le régime de base et le complémentaire, mais pas pour l’ASV, dont les cotisations sont calculées sur les revenus N-2. Résultat : un médecin qui réduit fortement son activité dès la première année de cumul peut être pénalisé ensuite par des cotisations excessives. « Un médecin peut passer de 100 000 euros à 40 000 euros de revenus en décidant de travailler à temps partiel. Mais ses cotisations ASV sont toujours appelées sur la base des 100 000 euros… C’est une injustice qui peut le décourager de rester actif », illustre Christian Bourguelle, directeur général de la Carmf. La Caisse défendra à cet effet une modification législative permettant d’aligner l’ASV sur les autres régimes. « Elle pourrait figurer dans le prochain PLFSS », veut croire le directeur.
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