« C’est avec une profonde tristesse et émotion que nous avons appris le décès du Dr Gérard Maudrux, Président honoraire de la Carmf, survenu le 5 mars », annonce la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf). « Celui qui fût l’infatigable défenseur des intérêts de tous les affiliés de la Carmf (médecins, conjoints, actifs et retraités) a été élu et réélu au poste de Président pendant 18 ans et a marqué pour toujours notre caisse de son empreinte », poursuit la caisse de retraite, « en deuil ».
Lutte contre « l’étatisation de la médecine »
Si le chirurgien urologue grenoblois a marqué la Carmf de son sceau, dès son premier mandat en 1997, son parcours aura été jalonné de différentes périodes et de remous.
C’est en 1991 que le Dr Maudrux se fait un nom en fondant le mouvement Action santé. Il parvient alors à mobiliser des médecins, kinés, pharmaciens ou encore dentistes contre la politique de santé de Claude Evin, alors ministre, accusé de vouloir « rationner les soins » et « étatiser la médecine ». Un combat qui deviendra une véritable marque de fabrique et un étendard – avec le CNPS, Action santé rassemble jusqu’à 300 000 personnes à Paris en novembre 1991. Le Dr Maudrux se forge rapidement une réputation d’homme d’action et certains lui prédisent déjà une carrière syndicale ou politique (en mai 1997, il se présentera d’ailleurs sans étiquette aux législatives de Savoie contre Hervé Gaymard, alors secrétaire d’État à la Santé et à la Sécu mais il n’obtiendra que 2,16 % des suffrages).
Homme libre (il adhère quelques années au SML, une fois à la FMF et à la CSMF), il décide alors de concentrer son combat au service de la retraite de ses confrères libéraux. En 1993, il fonde SOS Retraite, tient des discours tranchés et bouscule les habitudes. Il réalise un raz de marée aux élections des délégués des départements de 1997 en s’opposant au projet de la direction de la Carmf de l’époque d’augmenter significativement les cotisations. Lui préfère miser sur la retraite par capitation... Il devient alors, pour la première fois, président de la caisse de retraite des médecins libéraux.
Fermer l’ASV, un combat clivant
Mais il sera mis en minorité un an plus tard et démissionnera en 1998. Avant de revenir aux affaires triomphalement en étant, ensuite, systématiquement réélu tous les trois ans à la tête de cette caisse de retraite qu’il dirigera d’une main de fer en défendant – notamment – la fermeture progressive de l’ASV. « Je ne passerai pas dix ans à la tête de la CARMF… », confiait-il pourtant en 2000 tout juste réélu. Tout au long de cette période, ses rapports avec les syndicats de médecins libéraux auront été en dents de scie, et même parfois houleux, notamment avec la CSMF et MG France.
En 2015, un décret modifie les règles de gouvernance des sections professionnelles de la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales. Ce texte de la Direction de la Sécurité sociale (DSS, ministère) limite désormais à trois le nombre total de mandats des présidents de caisse. « Un texte taillé sur mesure pour me mettre dehors ! », avait alors confié le chirurgien retraité de 66 ans dans les colonnes du Quotidien.
À partir de 2020, sa prise de position médiatique répétée pour la promotion de l’ivermectine, à l’encontre de la politique vaccinale de lutte anti-covid, le replace sous les feux de l’actualité et des critiques. Il fera l'objet d'une plainte déposée en 2021 par l'Ordre des médecins du Vaucluse. Ce dernier lui reproche d'avoir « appelé les médecins à prescrire des thérapeutiques non éprouvées », sur son blog.
En apprenant le décès du Dr Maudrux, le président de la CSMF, le Dr Franck Devulder a tenu à rendre hommage à « cet homme de conviction au service de la profession ». « Je tiens à saluer son investissement qui a été exemplaire même s’il y avait eu des désaccords avec mes prédécesseurs », déclare le gastroentérologue de Reims.
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