C’est un effet de bord du budget de la Sécu : la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf, qui gère l’ensemble des régimes obligatoires de retraite et de prévoyance des médecins libéraux avec 125 146 cotisants) a décidé une « moindre revalorisation des pensions (+1,2 %) » au titre de 2025 afin, justifie-t-elle, de « garantir la pérennité du régime complémentaire ».
La caisse invoque un environnement financier défavorable pour la profession comme pour ses propres recettes assises sur les cotisations. De fait, l’exonération de cotisations vieillesse pour les médecins en cumul emploi/retraite en zone sous-dense a été définitivement adoptée par le Parlement. Ce dispositif doit permettre à ces praticiens de reprendre ou de poursuivre une activité sans payer les cotisations retraite sous deux conditions : exercer dans les zones fragiles et justifier d'un revenu annuel inférieur à un montant fixé par décret. Reste que, même encadrée et adoucie, cette mesure âprement discutée ne fait toujours pas le bonheur de la Carmf qui pointe « ses effets négatifs ».
En effet, selon le Dr Olivier Petit, président de la Carmf, cette exonération de cotisations retraite pour les « cumulards » risque d’être contreproductive en incitant des praticiens à réduire précocement leur activité alors qu’ils ne l’auraient pas forcément décidé. « Avec cette exonération de cotisations, ces médecins vont gagner plus à temps de travail inchangé ! Ils risquent même de travailler un petit peu moins pour gagner la même chose. Il y a un risque de perte de temps médical », poursuit le généraliste. Surtout, pour la Carmf, la mesure signifiera un vrai manque à gagner, faute de compensation par l’État. « Nous avons estimé la perte de recettes entre 40 et 70 millions d’euros pour l’ensemble des trois régimes – général, complémentaire et ASV », confie le Dr Petit.
La Carmf pointe une autre mesure de la loi Sécu 2025 aux effets négatifs, à savoir l’extension du régime simplifié des professions médicales (RSPM) aux médecins en cumul, qui « induira une baisse de recettes » en réduisant le volume des cotisations appelées.
Dans ce contexte, pour ne pas mettre en danger l’équilibre financier du régime complémentaire et l’équité intergénérationnelle – et dans l’attente des chiffrages définitifs – la Carmf assume donc une revalorisation limitée des pensions de 1,2 % « au lieu de 1,8 % initialement prévu ». Pour mémoire, la retraite complémentaire des médecins libéraux représente 45 % de la pension des retraités. Pour l’heure, la caisse n’envisage pas d’augmenter les cotisations.
Au-delà de ces ajustements, le patron de la Carmf, caisse qui revendique son autonomie, dénonce « l’ingérence législative » dans la gestion de la retraite des médecins libéraux. « L'État est venu nous imposer des choses. Tous les médecins sont pénalisés », regrette le Dr Petit. Il invite le gouvernement à ne pas focaliser ses efforts sur les seuls médecins en cumul mais à améliorer l’attractivité de l’ensemble de la profession.
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