Pas question de continuer dans ces conditions. En l'espace de quinze jours, deux structures représentant les médecins libéraux ont décidé de se retirer des parcours de santé en risque de perte d'autonomie, les fameux PAERPA, pourtant si emblématiques de la volonté des pouvoirs publics de recentrer les parcours de soins sur l'ambulatoire. L'Union nationale des professions de santé (UNPS) à claqué la porte du comité de pilotage le 10 février. Et à son tour, le Collège de la médecine générale annonce ce 26 février qu'il quitte le dispositif.
Ce n'est pas faute pour le premier d'approuver la philosophie de ce mécanisme : "La démarche, centrée sur les parcours de santé, les coopérations interprofessionnelles et intersectorielles, et une complémentarité entre les soins primaires et les soins de recours, était pertinente," évoque comme à regret le Collège que préside Pierre-Louis Druais, qui néanmoins constate "l'échec" des expérimentations.
Lancés il y a deux ans sur neuf territoires, les PAERPA n'ont d'abord pas réussi à faire recette. Selon l'UNPS, fin 2015, seuls 1390 PPS avaient été réalisés sur ces territoires par l’ensemble des acteurs concernés (professionnels de santé libéraux, salariés, CTA). Maigre bilan, alors que le dispositif devait concerner potentiellement 7492 professionnels de santé libéraux (infirmiers, médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes) et 189 600 personnes âgées de 75 ans et plus ! En Hautes-Pyrénées, le nombre de PPS était seulement de 26 en avril 2015, 31 en juillet 2015 et 60 fin 2015, pour un objectif fixé en fin d’expérimentation à 6000 PPS...
Si le résultat est aussi modeste, c'est aussi une question de fonctionnement, que désapprouve désormais les acteurs de santé libéraux. Défaut d'hospitalocentrisme d'abord : "le modèle hospitalier axé sur le couple médecin-infirmier, reproduit dans le dispositif PAERPA, n’a pas de sens pour une prise en charge au domicile du patient, " juge l'UNPS que préside le kiné Daniel Paguessorhaye. " Dans les orientations actuelles, particulièrement hospitalo-centrées, nous ne souhaitons pas qu’une fois de plus, la médecine générale soit un faire valoir, en l’absence de volonté institutionnelle et politique," abonde le Collège de la médecine générale.
A l'UNPS, on critique aussi la limitation à trois ou quatre professionnels de l'équipe autour du patient, car inopérante en milieu ambulatoire. Au Collège, on déplore que "les logiques inhérentes aux soins primaires et les réalités de terrain" n'aient "pas été prises en considération". Le mode de fonctionnement est également perçu comme trop bureaucratique aux yeux de l'UNPS : "les professionnels de santé libéraux ne peuvent accepter que les coordinations territoriales d’appui (CTA), entités administratives dont la mission n’est pas la prise en charge du patient à son chevet, réalisent elles-mêmes les PPS ou analysent, évaluent et valident ceux réalisés par les professionnels de santé libéraux."
Enfin, plus prosaiquement, Collège et UNPS estiment l'un comme l'autre que le compte n'y est pas pour les acteurs de terrain. L’UNPS rappelle avoir exigé, depuis le début, que "les fonctions de synthèse médicale du médecin traitant et de coordination par un membre de la CCP soient distinguées et valorisées, et que le travail d’équipe pour chacun des membres y participant soit reconnu." En vain souligne-t-elle... Même constat de carence au Collège: "sans une rémunération dédiée des professionnels de premier recours, sans des moyens destinés aux soins primaires, il ne sera pas possible de mobiliser les professionnels de santé libéraux". Au final, autant dire que les PAERPA ont bien mal négocié pour l'instant le virage ambulatoire...
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