Depuis 2010, l’exercice regroupé des professionnels de santé a progressé en France. D’après le quatrième panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), réalisé entre janvier et avril 2022, ce sont désormais 69 % des généralistes libéraux* qui déclarent exercer en groupe au titre de leur activité principale. Fin 2010, ils étaient 54 % et 61 % début 2019.
L’exercice regroupé attire particulièrement les plus jeunes. Il concerne ainsi 87 % des médecins âgés de moins de 50 ans, contre 75 % des 50-59 ans et 53 % des 60 ans et plus.
« Cette forte disparité dans la modalité d’exercice selon l’âge des praticiens contribue à l’augmentation de l’exercice regroupé observé ces dernières années : les médecins qui cessent leur activité appartiennent majoritairement à des générations dans lesquelles l’exercice seul est plus répandu », analyse les auteurs de l’étude.
Les femmes sont aussi plus nombreuses (80 % contre 62 % des hommes) à être installées en groupe.
Mais l’exercice en groupe ne gagne pas du terrain seulement grâce aux nouveaux installés et aux départs en retraite. En effet, parmi les médecins travaillant seuls en 2019, un sur cinq exerce en groupe en 2022 (6 % dans un groupe monoprofessionnel, 16 % dans un groupe pluriprofessionnel). Les médecins plus jeunes et les femmes sont plus nombreux à avoir rejoint un cabinet de groupe sur la période : cela concerne 36 % des moins de 50 ans (contre 25 % des 50-59 ans et 18 % des 60 ans et plus) et 36 % des femmes (contre 17 % de leurs confrères).
Le pluripro majoritaire
Sur la typologie de ces groupes, l’exercice pluriprofessionnel gagne du terrain. En effet, quatre généralistes sur dix exercent dans une structure pluriprofessionnelle, soit 60 % de ceux qui pratiquent en groupe. Ils étaient moins de la moitié en 2019. Dans le détail, plus d’un quart des médecins généralistes (27 %) travaillent dans un cabinet regroupant généralistes et paramédicaux et 12 % exercent avec des médecins d’autres spécialités et/ou des chirurgiens-dentistes.
Au niveau géographique, l’exercice pluripro est plus répandu dans les zones sous-denses (71 % des médecins en groupe dans ces territoires), « ce qui fait écho aux politiques d’encouragement à l’exercice pluriprofessionnel, principalement ciblées sur ces territoires », souligne la Drees.
Parallèlement à cette augmentation de l’exercice pluriprofessionnel, le nombre de généralistes en groupe monoprofessionnel tend à diminuer. Ils représentent 29 % des omnipraticiens en groupe en 2022 contre 34 % en 2019 (voir schéma).
Un quart des moins de 50 ans en MSP
« Le développement de l’exercice pluriprofessionnel est en partie porté par l’augmentation du nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles », analyse également les auteurs. Au total, un médecin sur six travaille dans une MSP, soit un tiers des médecins regroupés dans des cabinets pluripro. En 2022, 12 % des généralistes sont dans une MSP signataire de l’ACI et 5 % dans une MSP non signataire.
Encore une fois, ces structures sont davantage plébiscitées par les jeunes : les moins de 50 ans sont 24 % à y exercer contre 17 % des 50-59 ans et 12 % des 60 ans et plus. On note aussi d’importantes disparités régionales (voir tableau). Dans les Pays de la Loire, par exemple, 26 % travaillent dans une MSP, contre 12 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Ces chiffres pourraient être liés à des différences dans les politiques d’accompagnement des professionnels de santé pour la constitution de MSP », avance les auteurs.
*ayant au moins quatre ans d’ancienneté
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