Dans le domaine de la santé, le « french bashing » est un sport que le Français pratique volontiers. On pleure sur ce que l’Assurance Maladie ne rembourse plus. On soupire sur les retards de l’Hexagone en matière de prévention, d’imagerie, de chirurgie ambulatoire, d’évaluation, de soins palliatifs… On se désole évidemment sur la profondeur abyssale du trou de la Sécu. On s’attarde sur les listes d’attente et les délais de remboursement. Et même quand notre système de soins est sur le podium, souvent on relativise… Saluons donc cette semaine, pour une fois sans trop faire les difficiles, le constat rappelé par la Drees : c’est encore chez nous que l’on vit le plus longtemps en Europe !
C’est en surfant sur cette réputation, parfois mieux établie à l’étranger que chez nous, que Jean de Kervasdoué propose de développer un « tourisme médical » haut de gamme dans nos hôpitaux. Son rapport remis à Marisol Touraine et à son homologue des Affaires Étrangères, Laurent Fabius, milite pour le développement de ce qu’il faut bien appeler un « business » ; la France important au prix fort des malades et exportant des bien- portants après traitement, selon une logique inverse de ce qui est si souvent reproché à l’Aide Médicale d’État… La bonne idée, c’est d’avoir mis sur le sujet un économiste reconnu, aristo, mais homme de gauche. Car au regard de l’égalité républicaine, la perspective fera bien sûr grincer quelques dents. On a pu s’en rendre compte l’an passé lorsque l’AP de Paris a privatisé un étage de l’hôpital Ambroise-Paré pour prendre en charge un riche émir…
À bien y regarder, c’est pourtant une opportunité que la France aurait tort de laisser passer. D’abord, parce que le pays d’Alain Carpentier, d’Alain Fischer et de Françoise Barré-Sinoussi peut se prévaloir de sérieux atouts en matière d’excellence médicale. Pourquoi s’en priver à l’international ? Ensuite, parce que c’est une bonne occasion de montrer que la santé, dont les coûts sont si souvent perçus comme une fatalité, peut aussi rapporter. Enfin, parce que cela pourrait contribuer– certes modestement – à combler le déficit de la Sécu, voire à résorber le chômage. En contrepartie, tout cela devra être transparent et faire la preuve que l’accueil de riches étrangers ne se fera pas au détriment de nos assurés. On pourrait aussi imaginer une sorte d’intéressement bénéficiant à l’ensemble des acteurs de santé. 2 milliards d’euros grâce au « tourisme médical ». Ça en fait des revalos sur le C pour les cinq ans à venir.
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