Est-ce la sortie surprise de François Fillon lors du dernier débat du premier tour qui a amené les candidats sur ce terrain-là ? En tout cas, dès le début du face-à-face Juppé-Fillon de ce jeudi soir 24 novembre, les questions de santé -quasi absentes jusque-là des trois débats à sept - ont été abordées. Et c'est Juppé qui a, cette fois, lancé le sujet en revenant d'abord sur le plan qui porte son nom, expliquant que presque toutes ses mesures finalement ont été préservées, à l'exception de celles qui concernaient les régimes spéciaux de retraite…
Quelques minutes plus tard, Alain Juppé ramenait encore le débat sur les soignants, mettant en avant la nécessité de « rétablir la confiance avec les professionnels de santé. » Alain Juppé a souligné une différence avec son adversaire sur l'assurance maladie: "j'ai une divergence assez profonde avec François Fillon. Nous avons des points de convergence bien sûr (...) en revanche, moi je ne toucherai pas au taux de remboursement dont bénéficient aujourd'hui les Français, qui a déjà été rogné dans les années passées", a-t-il insisté. Il entend plutôt agir "sur la gestion des caisses d'assurance maladie" et sur la lutte contre la fraude "qui est réelle".
Alain Juppé et François Fillon s'opposent sur... par LEXPRESS
François Fillon a alors enchaîné, volontaire : « notre système de santé a vraiment besoin d'être réformé (...) Dire qu'il répond aux attentes des Français, c'est faux. » Et de développer sur sa volonté de « désétatiser », de « débureaucratiser » et de « remettre les médecins libéraux, les médecins généralistes au cœur du système. »
Pour la première fois sans doute dans une émission grand public consacrée aux primaires, les journalistes ont interrogé ensuite l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy sur sa volonté de recentrer l'assurance maladie sur le gros risque et les affections graves et de longue durée. Occasion pour François Fillon d'expliquer qu'il faudrait « discuter avec les partenaires sociaux de la composition du panier de soins. » Et, rapidement d'évoquer le « bouclier de santé » qu'il mettrait en place, cette franchise annuelle variable en fonction des revenus, « pour que les personnes à revenus modestes ne soient pas pénalisées ».
A son tour, François Fillon a fait une nouvelle fois un appel du pied appuyé aux médecins en s'exclamant : « il faut mieux payer les médecins ! » Et de filer la métaphore sur ces praticiens « moins bien payés que quelqu'un qui vient réparer la plomberie chez vous. » « C'est juste pas acceptable », a-t-il conclu !
Quand François Fillon compare médecins et... par LEXPRESS
Ce débat aura aussi permis aux deux finalistes de plaider l'un et l'autre pour une augmentation du numerus clausus. Alain Juppé insistant sur son attachement à la « liberté de prescription » et « d'installation des médecins », mais suggérant de conditionner le desserrement du numerus clausus dans certains endroits à l'acceptation par certains de s'installer dans des zones prioritaires.
Un peu plus tard, le débat a débouché sur les questions de procréation médicalement assistée. Une séquence qui a permis au maire de Bordeaux de rappeler son opposition ferme à la GPA et son intention, lui aussi, de réserver la PMA aux couples hétérosexuels. Là dessus, les deux candidats semblent donc d'accord.
Pas tout à fait sur l'IVG en revanche, mais ce sont des nuances, puisqu'Alain Juppé parle d'un "droit fondamental" et pas François Fillon. Car la polémique des jours passés est, bien entendu, revenue dans le débat. Occasion pour sa principale cible de rappeler son attachement à Simone Veil et à sa loi et de réitérer qu'il avait voté les dispositifs renforçant le droit à l'lVG qui ont suivi. À ce propos, François Fillon s'est gaussé de l'image de "conservateur moyenâgeux" qu'on a voulu lui coller. Et de s'exclamer, définitif : "Jamais on ne touchera à l'IVG !"
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