C’est voté ! Après quelques jours d’intenses polémiques, l'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mardi à mercredi une disposition confortant le droit à l'interruption de grossesse en France. Près de 40 ans après la loi Veil, l'article "5 quinquies C" du projet de loi pour l'égalité femmes-hommes, qui supprime la notion de "détresse" pour une femme ne voulant "pas poursuivre une grossesse", a été adopté dans un hémicycle garni d'une centaine de députés, fait rare à une heure si tardive. Alors que la gauche soutient d'un bloc cette disposition depuis son introduction par les députés socialistes en décembre, la droite est apparue plus divisée, majoritairement contre dans l'hémicycle mais avec des voix discordantes.
La gauche remontée, l’UMP divisée
Socialistes, écologistes ou communistes ont fait bloc pour défendre "un toilettage" d'une "formulation devenue obsolète" de la loi Veil, clamer le droit des femmes à disposer librement de leur corps et dénoncer tout diktat d'un "ordre moral" et toute tentation de "retour en arrière" sur l'IVG, à un temps d'"aiguilles à tricoter" et de "faiseuses d'anges". La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a notamment souligné que "l'IVG est un droit à part entière et pas une simple tolérance assortie de conditions". A l'UDI, si Sonia Lagarde puis Jean-Louis Borloo ont personnellement soutenu l'article, ils ont regretté qu'il "crée une fracture inutile dans notre société, source de tensions et divisions". Sur les bancs de l'UMP, la majorité des orateurs, souvent des membres de l'Entente parlementaire pour la Famille ont plaidé pour supprimer une "modification dogmatique" remettant en cause "l'équilibre" de la loi Veil et conduisant à une "banalisation de l'avortement".
Deux jours après une importante "Marche pour la vie", ils ont aussi reproché à la majorité de vouloir diviser les Français. Affirmant que "jamais la notion de "détresse" n'a empêché une femme d'avoir accès à l'IVG" et accusant la gauche de "casser ce qui fait consensus" par seul "intérêt politicien, politicard", le chef de file des députés UMP Christian Jacob a voté contre. Mais des élues de son groupe comme Nicole Ameline ou Françoise Guégot ont défendu la disparition de la notion de "détresse". L'écologiste Noël Mamère relevait à la mi-journée que "l'UMP a donné la liberté de vote à ses députés, ce qui en dit long sur sa gêne par rapport à la montée au créneau de ses plus ultras".
L’amendement Poisson tombe à l’eau
Enfin, comme prévu, l’amendement d'une quinzaine de députés UMP prévoyant le déremboursement de l'IVG a été massivement rejetée. Député et médecin, Bernard Debré s'était dit "écoeuré" par cette initiative. A l’un des auteurs de l’amendement, Jean-Frédéric Poisson, la ministre a lancé qu'il était "insupportable" de vouloir "exclure du droit à l'IVG les femmes les plus modestes". Cela n’a pas empêché, le député des Yvelines de défendre -contre son propre camp- son amendement de déremboursement, ainsi qu’un autre plus inattendu sacralisant le droit à l’objection de conscience des médecins, alors même que le texte du gouvernement n’y touchait pas.
Voir la video
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique