« Vu du foie, le vin est bien de l'alcool », vu de la science aussi, soulignent neuf médecins dans une tribune publiée lundi dans Le Figaro à la suite de déclarations du président de la République.
« Ce qui compte en termes de toxicité, c'est la quantité d'alcool bue », écrivent les signataires engagés dans la défense de la santé publique et des « plus fragiles ».
Agnès Buzyn, « s'est trouvée bien seule dans un gouvernement qui nie les évidences scientifiques et se montre plus sensible aux intérêts de l'alcool qu'à l'intérêt général », estiment-ils. Dans leur tribune, les médecins apportent donc leur soutien à la ministre de la Santé qui avait déclaré le 7 février sur France 2 : « C’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. (…) On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu’il apporterait des bienfaits que n’apporteraient pas les autres alcools. C’est faux scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre. »
Emmanuel Macron avait désavoué sa ministre quelques jours plus tard. Le 22 février, il a confié « boire du vin le midi et le soir » et assuré que, tant qu'il sera président, il n'y aurait pas « d'amendement pour durcir la loi Evin » restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées.
Le vin, 60 % de la consommation d'alcool
« Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se soûle à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin », avait-il aussi affirmé à des journalistes de la presse régionale en marge d'une rencontre avec des agriculteurs.
« Le vin représente près de 60 % de la consommation d'alcool », relèvent les auteurs de cette tribune qui rappellent que « l'alcool tue près de 50 000 personnes par an » en France.
Ils notent également que « les trois-quarts de la population consomment moins de deux verres par jour, mais le quart restant boit 75 % de l'alcool commercialisé en France ».
Ils demandent aux élus et au gouvernement d'élaborer et d'adopter « un Plan national alcool ». « Faute de quoi, ajoutent-ils, force sera d'en appeler à l'opinion publique, qui à 60 %, trouve la réglementation de l'alcool insuffisante. »
« Si le dossier alcool reste en l'état, immanquablement, lorsque demain les responsables auront à répondre devant la justice, ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas », concluent les signataires*.
Avec AFP
* Les signataires de la tribune sont le Pr Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, le président et le vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), le Pr Nicolas Simon et Bernard Basset, le Dr Irène Frachon, pneumologue (Brest), Catherine Hill, épidémiologiste, les Prs Serge Hercberg (expert en nutrition) Amine Benyamina (psychiatre, addictologue), Albert Hirsch (Ligue contre le cancer) et Gérard Dubois (Académie de médecine).
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique