En plein cycle de négociations conventionnelles et tarifaires pour les praticiens libéraux, l'analyse détaillée des « dépenses supplémentaires » programmées dans le projet de loi de Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 soulève un vent de colère chez les syndicats médicaux.
De fait, sur une enveloppe globale de 12,5 milliards d'euros l'an prochain, le gouvernement a provisionné seulement 300 millions d'euros pour la « hausse de la rémunération des professionnels de santé libéraux ». Un chiffre qui contraste évidemment avec les 4,6 milliards d'euros d'augmentations salariales dans les hôpitaux ou la somme de 1,4 milliard prévue à ce titre dans les EHPAD pour la seule année 2021.

Même si la négociation avec la CNAM est loin d'avoir livré son verdict, le cadrage budgétaire serré du gouvernement inquiète au plus haut point. « Le PLFSS 2021 est édifiant, grince MG France. Il est presque vide de mesures significatives pour les soignants de ville. Face aux milliards prévus pour l’hôpital, les soins ambulatoires sont dotés de 300 millions d’euros pour rémunérer les professionnels. Tous les professionnels... soit moins de 0,50 € par consultation », calcule le syndicat des généralistes qui réclame « des moyens conséquents ».
Double peine ?
Dans la même veine, la CSMF dénonce « le mépris pour la médecine de ville », en soulignant que l’hôpital bénéficiera au total d’une dotation de « 28 milliards d’euros sur cinq ans » – somme qui cumule reprise de dette, revalorisations et investissements. Un « deux poids, deux mesures » qui passe d'autant plus mal que les médecins libéraux n'ont pas été épargnés. « Au-delà du tribut humain, ils ont également subi des conséquences financières majeures puisqu’il faut rappeler que les soins de ville vont sous-exécuter l’ONDAM de ville initialement prévu pour 2020 de 4,5 milliards d’euros, insiste la CSMF. Les honoraires des médecins généralistes vont être en sous exécution en 2020 de 500 millions d’euros et d’1 milliard d’euros pour les médecins spécialistes. »
Scénario mortifère pour le SML
La décision, également inscrite dans le PLFSS, de prolonger la convention médicale actuelle d’un an et demi est perçue comme un autre piège pour la médecine de ville car cela repoussera « au mieux pour le quatrième trimestre 2023 » les revalorisations d'honoraires significatives. « Ce choix politique est extrêmement grave. La médecine libérale est négligée, et l’orientation du système de santé est clairement affichée », se désole la CSMF.
300 millions d'euros pour solde de tout compte ? Le SML craint « qu'avec de tels chiffres, les négos en cours sur la télémédecine et la coordination, mais aussi les vagues promesses du ministre de revaloriser les spécialités, ne débouchent sur pas grand-chose ». Un scénario « mortifère » pour le syndicat du Dr Philippe Vermesch. Qui alerte : « Il va falloir nous battre pour défendre notre modèle de médecine libérale et arracher les budgets. »
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