Même si quelques-unes d'entre elles ont fini par reculer, certaines villes dont Paris, Lille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Pau, Troyes, Rouen, ou encore Limoges, veulent obliger les professionnels à s'acquitter de leur stationnement.
À Lyon, les esprits s'échauffent. Depuis le 1er janvier, la municipalité impose aux professionnels de santé de payer le stationnement lors de leurs visites à domicile. Ces derniers doivent s’acquitter du montant au moyen d’une application smartphone, et renouveler l'opération toutes les 90 minutes. La ville aurait commencé depuis février à verbaliser les professionnels récalcitrants. Dans un communiqué commun, les principaux syndicats de professionnels de santé libéraux (MG France, FMF...), des URPS, de l'UFML et de l'Ordre des infirmiers réclament le droit à pouvoir stationner librement lors des visites à domicile dans l'exercice de leur métier.
Un surcoût de près de 2 000 euros
Les représentants des professionnels de santé ont fait fonctionner leur calculette. Selon eux, la dépense pourrait atteindre « près de 2 000 euros par an » (vignette annuelle plus forfait de 12 euros par jour) pour un professionnel en pleine activité. Or à la différence des artisans, commerçants, et de beaucoup de professions libérales, les honoraires des professionnels de santé sont fixés par l’Assurance-maladie dans un cadre réglementaire. Ces derniers ne peuvent donc pas répercuter dans leurs tarifs le coût du stationnement. Ils se refusent de toute façon à assumer cette dépense, estimant qu'ils remplissent une mission de service public lorsqu'ils se rendent au domicile d'un patient, et devraient à ce titre être dédouanés de tout paiement de ce type.
Ils se plaignent aussi du caractère répétitif du mode de paiement, qui ne peut se faire que par smartphone, et non à l'horodateur lorsque le professionnel se déplace. « Comment voulez-vous ne pas prendre un PV quand vous êtes en train d’effectuer en stérile une perfusion à domicile ? On a autre chose à penser qu’à taper son emplacement de stationnement sur un smartphone ! », s'énerve Lucien Baraza, président de l’URPS infirmiers Auvergne Rhône-Alpes.
Une taxation jugée « aberrante »
De son côté, le Dr Bernard Massoubre, président du Syndicat interdépartemental des biologistes du Lyonnais rappelle qu'« un laboratoire peut visiter jusqu’à 200 personnes à domicile par jour pour des prises de sang. Pour nous, il est donc essentiel de pouvoir stationner librement près du domicile des patients ».
Le Dr Charles Pencz, président du syndicat des médecins généralistes MG 69, estime que cette « nouvelle forme de taxation dissuadera encore plus la pratique de la visite à domicile ».
Qu'ils soient biologistes, infirmiers, kinés, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues ou sages-femmes, les représentants des huit professions lyonnaises concernées par ces nouvelles dispositions demandent « le retrait immédiat de cette mesure aberrante, prise à l'encontre de l'intérêt général ».
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