LE QUOTIDIEN : Pourquoi le coût de la pratique médicale est plus élevé à Paris ?
Dr MICKAËL RIAHI : Au coût de la vie courante s'ajoute le prix du foncier, de plus en plus élevé. Il est difficile d'acheter un cabinet en dessous de 8 000 euros le m2, même dans des quartiers réputés moins chers comme le 19e arrondissement. Pour un jeune médecin qui s'installe en secteur I, sans apport financier personnel, c'est une vraie prise de risque. La région parisienne est devenue moins attractive pour les internes. Et on compte 25 % de généralistes en moins à Paris en sept ans [Il en reste 4300, NDLR].
Que faire pour rendre la capitale plus attractive ?
Nous proposons une majoration des actes pratiqués en secteur I, et notamment de la consultation (G) pour les médecins généralistes, avec un alignement sur le tarif pratiqué dans les départements d'Outre-mer, soit 29,60 euros. Il faudrait aussi majorer le forfait structure, qui est bien insuffisant [1 454 euros par généraliste en 2017, NDLR]. Si le forfait structure était revalorisé pour tous les médecins français à 15 000 ou 20 000 euros, il faudrait multiplier cette somme par 1,5 ou deux pour les confrères parisiens. Enfin, il pourrait aussi y avoir un accès à l'option tarifaire maîtrisé (OPTAM) pour ces généralistes en secteur I, avec une liberté d'honoraires négociée avec l'assurance-maladie et les complémentaires.
Les pouvoirs publics sont-ils à l'écoute ?
Les collectivités locales sont plus impliquées qu'avant. La mairie de Paris met des locaux à disposition pour les nouveaux arrivants. Il y a également des aides versées par la Région et par l'agence régionale de santé, qui travaillent avec l'URPS médecins libéraux Île-de-France. La prise de conscience est là, mais on constate un manque de dynamisme. Tous les moyens ne sont pas encore mis en œuvre pour faire baisser le coût de la pratique. Pour les majorations de tarifs, c'est une demande qui dépend de la CNAM et du ministère de la Santé. Nous comptons interpeller les candidats aux élections municipales de 2020 et voir ce qu'ils ont à proposer. Si les élus locaux s'investissent, il sera peut-être plus facile de négocier avec les décideurs ensuite.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique