Centre hospitalier public recrute un pédiatre et un spécialiste en néonatologie même de nationalité étrangère, poste à temps plein, statut salarié, disponibilité immédiate, salaire annuel : 90 000 euros. Lieu de travail : l'île de Pantelleria, au sud de la Sicile.
Sans cette spécification, l’hôpital avec vue sur la mer aurait immédiatement trouvé de nombreux candidats prêts à déménager avec bistouris et stéthoscope. Mais pour les pédiatres italiens à la recherche d’un emploi stable, même en période de vaches maigres, Pantelleria fait partie des endroits improbables. L’été pourtant, cette petite île italienne située plus près de la Tunisie que de la Sicile, devient l’un des hauts lieux du tourisme à la mode.
Rebaptisée « la fille du vent » en raison des vents marins qui balayent ponctuellement ses 83km2, Pantelleria rayonne de mille feux pendant quatre mois. Mais dès la fin de l’automne, la petite île qui a l’allure d’un mouchoir de poche grand format et qui est située à une heure de vol de la Sicile et sept heures par ferry-boat, perd de son charme. Du moins, c’est là l’excuse invoquée par la plupart des candidats potentiels. Une catastrophe pour l’hôpital, les 8 000 habitants de l'île et plus particulièrement les parents d’enfants en bas âge qui refusent d’abandonner Pantelleria à cause d’une histoire de pédiatre manquant.
Pas de candidats italiens
La course au spécialiste a commencé l’été dernier avec le départ en retraite de la pédiatre installée à Pantelleria depuis plusieurs décennies. L’agence provinciale de santé a immédiatement lancé un appel à candidatures qui a dû être rapidement retiré par manque de réponses. Plus, les praticiens contactés pour effectuer des remplacements de courte durée (formule CDD), ont courtoisement décliné la proposition.
Pour rendre la petite annonce plus séduisante, la direction hospitalière a décidé d’augmenter de 30 % le salaire annuel, et de proposer 90 000 euros brut et non plus 70 000 euros. Elle a aussi ouvert la procédure de recrutement aux candidats étrangers. Une première dans l’histoire hospitalière de la Sicile. « Nous n’avons jamais lancé d’appel à candidatures au niveau européen mais nous sommes désespérément à la recherche de pédiatres et vu le manque d’intérêt des praticiens italiens, tant mieux si nous avons des étrangers », note le Dr Giovanni Bavetta, responsable de l’agence provinciale de Santé.
Isolement et absence de ressources
L’appel à candidatures devait expirer le 10 octobre. Pour parvenir à ses fins, la direction de l’agence provinciale de santé s’est lancée dans la recherche de jeunes talents auprès des universités siciliennes et dans le milieu médical en faisant jouer les relations.
« Pour nombreux, ce n’est pas Pantelleria en soi qui est considéré comme ennuyeux, ce sont les conditions économiques. Dans le public, un pédiatre peut gagner beaucoup plus que ce que Pantelleria offre. Autre chose importante : l’absence de ressources sur le lieu de travail et travailler dans de telles conditions est inadmissible en Italie et peu influer sur le choix des candidats », a expliqué un praticien sous couvert d'anonymat à une agence de presse sicilienne.
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