Des regrets mais pas encore de réels aveux : le procès d'un ancien dentiste accusé d'avoir commis trois viols et 23 agressions sexuelles sur des patientes a débuté ce lundi 27 mars devant la cour d'assises du Loiret par une forme de repentir du praticien. « Après quatre années d'incarcération, j'ai eu l'occasion de réfléchir sur mes actes. J'attends de ce procès un jugement équitable, pas comme celui que j'ai vécu dans la rue ou sur Facebook », a lancé l'ancien dentiste d'une voix claire lors de ses premiers mots à la cour.
L'homme, âgé de 61 ans, est accusé d'avoir profité de séances d'acupuncture, utilisées notamment comme méthode alternative pour apaiser des patientes particulièrement stressées par les soins dentaires, pour commettre des agressions sexuelles pouvant aller jusqu'au viol par pénétration digitale. Des faits qu'il contestait depuis le début de la procédure et son placement en détention provisoire en mai 2019, mais qu'il a semblé reconnaître en partie lundi.
« Je vais être jugé sur des faits de viol et d'actes de torture que je n'ai pas commis », s'est-il défendu, avant de revenir sur les agressions sexuelles qui lui étaient reprochées. Oui, les témoignages retranscrits dans la procédure sont « sincères », mais ce n'était pas, pour lui, des agressions. « Je comprends que des actes peuvent être qualifiés d'agressions sexuelles. Je me rends compte qu'il ne fallait pas le faire. (...) Je me rends compte que j'avais tort de pratiquer ces gestes qui ont pu être considérés comme des violences sexuelles. (...) On ne me disait pas stop, je continuais, je le regrette », a-t-il déclaré.
Des jeunes femmes vulnérables
Le procès est prévu sur dix jours car face à Stéphane Schoener, 23 victimes présumées, dont certaines mineures au moment des faits, sont représentées sur le banc des parties civiles. Certaines d'entre elles étaient présentes lundi au palais de justice d'Orléans.
Jusqu'à cette déclaration, ce père de quatre enfants, apparu calme et vêtu d'une chemise blanche dans le box des accusés, avait nié les faits durant la procédure, reconnaissant seulement des massages, des photos prises sans le consentement des victimes et une tendance au « voyeurisme ».
Lors de la lecture du rapport, le président de la cour a évoqué la difficulté pour certaines plaignantes de témoigner, face à un homme disposant d'un certain statut social. Le dentiste a en effet exercé plus d'une trentaine d'années dans son cabinet de Châlette-sur-Loing (Loiret) et à l'hôpital de Montargis.
Caméra espion
Bien inséré dans l'agglomération montargoise, décrit comme intelligent par les experts, ce chasseur possédant des armes de grande valeur était par ailleurs membre d'une loge maçonnique locale. À la barre, une enquêtrice a décrit un homme qui « imposait » les séances d'acupuncture à des jeunes femmes « bousculées par la vie », qu'il suivait depuis leur enfance ou qui lui étaient adressées en toute confiance par un médecin ou un pédiatre. Les massages, « avaient lieu quand les assistantes dentaires n'étaient pas présentes dans le cabinet » et les séances ne concernaient que des jeunes femmes « formées », qu'elles soient majeures ou mineures, a-t-elle précisé.
Stéphane Schoener est en outre poursuivi pour atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l'image d'une personne présentant un caractère sexuel. Des images, prises par une caméra espion, avaient été retrouvées dans l'ordinateur portable du dentiste lors des perquisitions au cabinet. Le procès est prévu jusqu'au 7 avril.
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