Insultes, menaces de mort… Les médecins médiatisés sont la cible des antivax depuis des mois sur les réseaux sociaux. L’affrontement a pris cette semaine une tournure dramatique pour une généraliste de terrain, installée dans le quartier de l’Argonne à Orléans (Loiret). L’affaire est relatée dans « La République du Centre ». Elle a amené le président du Conseil de l’Ordre du Loiret à alerter ses confrères sur fond de tension avec les patients.
Lundi 22 novembre, trois personnes ont tenté de forcer la porte du cabinet de cette généraliste, hurlant et cognant sur les murs, l’obligeant à s’enfermer à clef et à prévenir la police. La situation est rentrée dans l’ordre après l’intervention des autorités. Mais la médecin est secouée. « Elle est assez traumatisée par la violence des évènements, confie au Quotidien le Dr Christophe Tafani, président du conseil de l’Ordre du Loiret. Elle n’est pas allée travailler pendant plusieurs jours, elle se fait accompagner à sa voiture, de peur d’être agressée. »
Mention dans le dossier médical
C’est un différend autour de la vaccination Covid, avec une patiente de 61 ans, qui est à l’origine de cette violente altercation. « Comme cette dame m’a dit qu’elle préférait attendre pour recevoir une troisième injection, je lui ai simplement dit que je notais cet élément dans son dossier médical. Ceci notamment pour des raisons médico-légales, si par exemple elle venait à être hospitalisée en urgence », explique la praticienne à « La République ». Refus catégorique de la patiente. Le ton monte rapidement. « Elle est devenue hystérique. C’est parti en vrille. Ma consœur lui a alors proposé de reprendre son dossier médical. C’est un cas où le lien de confiance est rompu. Je pense que sa réaction est justifiée », raconte le Dr Tafani. Quelques heures après, trois personnes dont le fils de la patiente reviendront au cabinet pour s’en prendre au médecin, avant l’arrivée de la police.
La généraliste ne pourra pas porter plainte dans la foulée, les agents lui affirmant que l’infraction n’était pas suffisamment caractérisée. Il faudra l’intervention du président du conseil départemental auprès du commissaire général d’Orléans pour que la plainte soit enregistrée.
Dialogue rompu
Pour le Dr Tafani, cette affaire reflète malheureusement les difficultés auxquelles sont confrontées aujourd’hui les médecins face à une partie de leur patientèle. « On arrive sur un noyau dur de patients qui sont réfractaires, le dialogue est particulièrement complexe, voire impossible, témoigne le radiologue. Moi-même je sens une forte crispation lorsque j’aborde la question de la vaccination avec ces patients. Il y a un silence pesant qui s’installe. » La situation était radicalement différente il y a encore quelques semaines. « Il y avait une discussion. On pouvait échanger. Les gens cherchaient à comprendre », dit-il. Il craint aujourd’hui d’autres dérapages.
« Ce qui est arrivé à notre consœur est un cas concret, et malheureusement violent, de ce qui peut arriver. C’est la raison pour laquelle je mets en garde mes confrères », alerte le président du conseil.
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