Cet après-midi de mai, un ballet incessant de patients franchit la porte d’entrée de La Providence, quartier Guilheméry à Toulouse.
Aux antipodes des traditionnelles maisons de santé implantées en rase campagne, cette structure pluridisciplinaire et universitaire a ouvert ses portes à l'été 2017 dans l’un des quartiers les plus huppés de Toulouse, à deux pas du centre-ville. Elle accueille dans plus de 600 mètres carrés flambant neufs une patientèle de 7 000 personnes.
À l’intérieur, on est loin de l’agacement qui règne parfois dans les salles d’attente bondées des généralistes ou des urgences de l’hôpital. « Pourtant les plannings sont pleins ! assure le Pr Stéphane Oustric, à l’origine du projet. Cette ambiance apaisée est sans doute due à notre organisation, avec des horaires élargis de 8 heures à 20 heures en semaine, jusqu’à 12 heures le samedi et à la présence permanente de plusieurs médecins. Ceci nous permet toujours de recevoir des patients sans rendez-vous. »
Le premier centre d’activité physique de MSP
La maison de santé pluridisciplinaire (MSP) regroupe sept généralistes, une dermatologue, une gynécologue médicale, dix infirmiers et accueille en formation cinq internes et deux externes. Idée inédite, la MSP détient un centre d’activité physique adapté à la santé, ouvert en partenariat avec la clinique du Château de Vernhes (Tarn), établissement de soins de suite et de réadaptation spécialisé dans la prise en charge de l’obésité. À La Providence, les généralistes prescrivent des séances de coaching sportif à des personnes autonomes mais en situation d’obésité, ou souffrant de sarcopénie ou de problèmes articulaires.
Soutenue par l’agence régionale de santé Occitanie, La Providence (qui n’est pas située en zone tendue) a bénéficié de 30 000 euros de financements publics pour un investissement total de 2,8 millions d’euros. « Au départ c’était un projet personnel qui a mûri rapidement le jour où mon associé a pris sa retraite », raconte le Pr Oustric, qui consultait depuis 25 ans à quelques rues de là dans un cabinet qu’il qualifie aujourd’hui de « complètement dépassé ».
Tous les soignants de la structure louent leur espace de travail et alimentent un pot commun destiné à assurer le budget de fonctionnement, de l’ordre de 400 000 euros par an.
Une autre maison dans le quartier La Vache
Le Pr Oustric n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre ses confrères de le suivre dans cette aventure. Comme lui, le Dr Michel Combier (ex-président de l'UNOF, ancienne branche généraliste de la CSMF) a fermé son cabinet du centre-ville au départ de son associé pour s’installer ici.
« Pour moi, il n’était pas envisageable d’exercer autrement que dans un groupe pluridisciplinaire, confie également le Dr Laétitia Gimenez, jeune généraliste qui a rejoint la MSP après une première collaboration dans un cabinet classique. Cela permet le partage d’expérience et de voir le patient dans sa globalité, c’est très enrichissant. »
« Pour lutter contre les déserts médicaux, les solutions vont au-delà des systèmes d’incitation à l’installation dans les zones fragilisées, analyse Maurice Bensoussan, président de l’URPS ML Occitanie. Les maisons de santé pluridisciplinaires constituent une réponse à des questions multiples. »
En 2016, 59 % des généralistes toulousains avaient plus de 55 ans. La relève tarde : seuls 9,5 % des généralistes ont moins de 40 ans dans la Ville rose. Dans certains quartiers, l’expérience de La Providence est donc scrutée avec intérêt. L’ARS Occitanie vient d'ailleurs de confirmer son soutien financier à un nouveau projet de maison de santé, dans le quartier La Vache.
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