LA FOULE est au rendez-vous pour soutenir les concurrents de la Route du Rhum-La Banque Postale : dimanche, ils seront 86 au départ de cette mythique course transatlantique qui a lieu tous les quatre ans, en novembre. Ils quitteront les quais de Saint-Malo pour rejoindre Pointe-à-Pitre, à 3 542 miles de là. En 2006, le 8e épisode de la transatlantique avait été marqué par le sprint époustouflant du Normand Lionel Lemonchois, ralliant Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en 7 jours 17 heures et 19 minutes.
Mais avant de rêver à une victoire, chaque skipper procède aux ultimes préparatifs. Au programme, la vérification de points de sécurité essentiels au bon déroulement de la course, comme les balises, les radeaux et la combinaison de survie, les moyens de communication, etc. Tous sont soumis au même régime, des multicoques géants aux tailles extrêmes aux monocoques de 12 mètres, des skippers les plus connus aux marins amateurs les plus passionnés.
Tous, exceptés les quatre concurrents médecins, seuls dispensés du stage de secourisme. « C’est le seul avantage », concède le Dr Hervé Carlan, 50 ans, qui a pris une semaine de vacances avant le coup de canon du départ pour préparer la course. Se définissant comme un « amateur pur et dur », le médecin généraliste des Côtes d’Armor sait qu’il n’a pas l’entraînement ni la technique d’un skipper aguerri. Mais au moins, « au niveau santé, j’ai l’esprit tranquille », confie-t-il au « Quotidien ». Avec son multicoques baptisé « Delirium », qu’il a construit en famille de toutes pièces, en 2003, il s’apprête à s’élancer sur sa première Route du Rhum-La Banque Postale dans la catégorie Multi 50 (12 marins pour une victoire). Il ne sera toutefois pas le seul De Carlan à partir, puisque son fils Joris, le benjamin de la course à 22 ans, sera également en lice sur l’épreuve dans la catégorie Rhum avec un autre voilier familial, le premier bateau construit dans les années 1970 par l’étudiant Hervé de Carlan et son oncle.
Généraliste malgré tout.
Les garçons de la famille ne sont pas les seuls à rêver de mer : Clémentine, 15 ans, en première, ne pense qu’à traverser l’Atlantique. Nolwenn, 23 ans, à peine sortie d’une école d’ingénieur, aurait « du mal à décrocher » et assure la chronique de la Route du rhum (cata-delirium.com). Enfin Marine, en 6e année de médecine, participe activement aux événements malgré la préparation de son internat. Une chose est sûre, elle ne poursuivra pas la même voie que son père... dans la médecine générale.
Qui voudrait aujourd’hui devenir généraliste, s’interroge Hervé de Carlan qui a sué sang et eau pour trouver un remplaçant pour les cinq semaines qu’il consacre à sa Route du Rhum. Exerçant à l’Hillion, à une dizaine de kilomètres de Saint-Brieuc, il avoue avoir « une grosse activité de 12 heures minimum par jour ». « J’adore mon métier, insiste-t-il. On touche à tout, aussi bien avec les nouveau-nés qu’avec les centenaires. Je suis toujours présent pour mes patients » – qu’il voit de préférence sur rendez-vous. « Les remplaçants sont de plus en plus exigeants, sur tout. Ils ne veulent plus faire de visites. Lorsque je dis que je travaille également le samedi et que je fais des gardes de nuit, ça leur fait peur. Quand j’ai commencé, le remplacement était à 50-50. Maintenant, le remplaçant exige 80 % : reste 20 % pour le titulaire », s’agace le généraliste, qui a finalement trouvé la perle rare grâce à Média Santé, « une structure très efficace qui a un bon réseau de remplaçants ».
Les patients doivent sans doute être fiers de leur généraliste navigateur mais, parfois, ils se gardent bien de lui montrer. « On n’a même plus le droit d’être malades », se plaignent certains. D’autres lui souhaitent de « bonnes vacances ». Un « petit plaisir égoïste », peut-être, mais sûrement pas des vacances, s’exclame Hervé de Carlan, qui emporte avec lui quelques romans mais aussi les « Recos » du Vidal, histoire de ne pas perdre la main en rentrant.
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