Hausse du numerus clausus, télémédecine, délégations

Comment la santé a percé dans la campagne des législatives allemandes

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Publié le 21/09/2017
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Perçue comme plutôt morne, voire ennuyeuse, la campagne des élections législatives qui se déroulent ce dimanche 24 septembre pour le renouvellement des 630 sièges du Bundestag, n’accorde qu’une attention réduite aux thématiques de santé.

Quelques propositions innovantes méritent toutefois d’être relevées. Le parti d’Angela Merkel, l'Union chrétienne démocrate (CDU), a ainsi proposé de desserrer dans certaines facultés le numerus clausus à l’entrée des études médicales, à condition que 10 % des étudiants inscrits dans ces UFR s’engagent à exercer à la campagne une fois leur diplôme en poche. Cette mesure contraignante permettrait de corriger les déséquilibres des installations entre la ville et la campagne… pourtant déjà réglementées depuis des années. La CDU et son allié bavarois, la CSU, entendent promouvoir la télémédecine mais aussi les délégations de tâches pour compenser la chute du nombre de médecins installés, surtout dans les zones les moins peuplées, où les praticiens ont de plus en plus de mal à trouver des successeurs (tous les autres partis se rejoignent peu ou prou sur ces sujets).

Débat autour de l'assurance privée

Brièvement bien placé dans les sondages, mais aujourd’hui totalement distancé par Angela Merkel, le leader du parti social-démocrate (SPD) Martin Schulz a repris à son compte la vieille revendication de son camp, visant à unifier l’assurance-maladie en supprimant le choix des assurés entre une couverture publique ou privée. En effet, près de 9 millions d’Allemands, soit un peu moins de 12 % de la population, dépendent d’une assurance-maladie totalement privée, tandis que 72 millions d’entre eux, (88 %) sont affiliés à des caisses de maladie publiques. La gauche, comme les Verts, plaident pour une suppression de l’assurance privée, au profit d’une assurance universelle unique, un peu à l’image de l’assurance-maladie française, qu’ils estiment plus « solidaire ». Les médecins, eux, restent majoritairement favorables au double système… d’autant que les honoraires négociés avec les assurances privées pour leurs patients sont plus élevés, en échange toutefois de prestations parfois plus étendues et plus complètes. Les médecins spécialistes, en particulier, sont très attachés au maintien de la dualité. Ils ont lancé une campagne d’information et d’affichage, dans leurs cabinets, pour rappeler les avantages de la liberté d’affiliation en termes de qualité d’accueil et de soins.

À l’inverse du SPD, le parti libéral-démocrate (FDP), qui remonte fortement dans les sondages depuis quelques mois, pourrait, s’il entrait dans une future coalition gouvernementale, réclamer plus de liberté tarifaire pour les assurés face à leurs caisses et pour les professionnels de santé. Enfin, le parti populiste de droite AFD, qui a de fortes chances d’entrer au Parlement, mais pas au gouvernement, présente un programme de santé fortement inspiré par ses thèses hostiles aux étrangers et aux réfugiés : ces derniers bénéficient, selon lui, de prestations sociales et médicales trop généreuses, qui doivent être réduites. En outre, l’AFD estime que les praticiens étrangers ne peuvent pas compenser le manque de médecins allemands, notamment pour des raisons de langue et de proximité culturelle. Ces arguments sont rejetés par les toutes les organisations médicales officielles, même si une petite minorité de médecins leur accorde du crédit.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9603