Alors que la question des déserts médicaux sera au cœur de la conférence des parties prenantes lancée fin septembre, parlementaires et élus relancent l'offensive en faveur de l'accès des soins avec des mesures plus ou moins coercitives.
Avec près de 9 millions de Français qui vivent dans un territoire fragilisée sur le plan médical, Guillaume Garot, l'infatigable député socialiste de la Mayenne est à nouveau déterminé à faire adopter des « mesures fortes et partagées ». Pour cela, l'ancien maire de Laval, auteur d'une demi-douzaine de propositions de loi (PPL) ces dernières années contre les déserts, a créé cet été un groupe de travail « transpartisan », composé d'une quarantaine de députés de droite comme de gauche mais sans le RN.
Obligation pour les internes
Deux réunions de ce groupe ont déjà eu lieu avec auditions des représentants des médecins et professionnels de santé, usagers et collectivités locales. Mais Guillaume Garot n'a jamais mystère de sa volonté de régulation. Cela passait à ses yeux par une « obligation exceptionnelle et transitoire d'exercice pour les internes à exercer dans les zones sous-denses pendant trois ans », exposait sa dernière PPL (2022). Pour le député, « il n’y aura pas de solution sans régulation de l’installation des médecins, généralistes et spécialistes, comme cela existe par exemple pour les pharmaciens, pour assurer la meilleure répartition possible à l’échelle nationale », a-t-il redit à Ouest France fin juillet. Les travaux devraient durer jusqu'en octobre pour nourrir une proposition de loi ou des amendements au projet de financement de la sécurité sociale 2023 (PLFSS).
Zones surdotées, mais où ?
Depuis le début de l'année, une dizaine de propositions de loi touchant à la liberté d’installation ont été déjà déposées devant l’Assemblée. Dernièrement encore, le député (LFI) Damien Maudet a annoncé qu'il déposerait un texte visant à interdire toute nouvelle installation dans les zones surdotées. Invité sur France 3, l’élu a tenté de justifier sa position. « Le problème aujourd'hui, quand on parle de déserts médicaux, c'est qu'on raisonne tout le temps autour de "pour ou contre" la liberté d'installation, avance-t-il. À mon sens – et on est en train de rédiger une proposition de loi là-dessus – on veut que, s'il y a un endroit où on a suffisamment de médecins, alors de nouveaux médecins ne puissent pas s'y installer pour qu'ils fassent un autre choix ». Le député n'a pas précisé quelles zones surdotées il visait…
Marche citoyenne en Vendée
Les élus locaux entretiennent la pression. La mairie de Fontenay-le Compte par exemple ne cache pas son inquiétude. Au cœur d'un bassin de 250 000 habitants – dont environ 10 000 sans médecin traitant – la municipalité, dans le Sud de la Vendée, alerte sur une situation « intenable ». Depuis cet été, deux généralistes ont été obligés de cesser leur activité pour raisons de santé. « Cela représente environ 5 000 patients supplémentaires sans médecin traitant », explique au « Quotidien », Michel Chopin, directeur du cabinet. La mairie organise le 24 septembre une marche citoyenne avec le concours de l’association des maires de Vendée et des présidents des intercommunalités voisines. « La gestion de l'offre de santé est dirigée par l'État, alerte le dircab. C'est à lui de prendre des solutions alternatives et pérennes sinon les citoyens ne comprendront plus ».
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