LE QUOTIDIEN : Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?
DR P. : Cela fait trois ans et demi que je suis collaboratrice libérale en région parisienne. Je travaille beaucoup plus que quand j’étais remplaçante, et je gagne moins. Avant, je ne faisais que du soin, mais depuis que j’ai ma plaque, je dois gérer toute la partie administrative. C’est beaucoup de temps de travail non rémunéré. De plus, quand on s’installe, on rentre dans la vie des patients, on a de l’empathie, on discute. C’est autant de temps en moins pour le soin.
Avant, quand je me sentais surmenée, je trouvais mon équilibre en partant en vacances entre deux remplacements, mais je n’ai plus le temps de le faire, ni l’argent. Ma décision est définitive, je dévisse ma plaque à la fin du mois d’août, par instinct de survie. J’ai 36 ans, toujours pas d’enfants, il faut que j’arrive à concilier vie professionnelle et vie privée. De toute façon, je trouve terrifiante l’idée de s’installer pour toute la vie au même endroit.
Qu’allez-vous faire ?
Je ne sais pas. Pour l’instant, mon projet, c’est de déplaquer. J’ai des propositions pour travailler comme médecin de PMI, ou dans l’événementiel médical. Mais le plus raisonnable serait de revenir au remplacement en attendant de voir. Je ne suis pas hostile à l’idée d’être salariée, mais le problème, c’est que j’aurais un patron.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Je suis super-déçue. Non pas par l’exercice de la médecine générale, mais par les conditions de cet exercice. J’essaie de faire les choses bien, et je gagne moins qu’avant. Mes journées commencent tôt et ne finissent jamais avant 20 heures Et encore, c’est quand c’est vraiment calme car dans ma banlieue, 19 heures c’est l’heure de pointe pour les patients.
Comme tout le monde, j’ai des crédits et je dois gagner de l’argent. Pour la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) par exemple, je ne suis rémunérée que sur les items d’organisation du cabinet. Sur les autres items, je ne touche quasiment rien, car je partage ma patientèle avec le généraliste dont je suis la collaboratrice. Or, il est médecin traitant de la grande majorité de cette patientèle. Mais ce n’est pas ce qui a motivé ma décision. Les critères d’argent ne sont pas prioritaires.
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