La lettre de démission, nouveau moyen de pression du médecin urgentiste en souffrance ? Après Avignon, c'est au tour de Dreux (Eure-et-Loir) de connaître une poussée de fièvre avec la démission de onze médecins du service des urgences de l'hôpital de la ville.
Les praticiens dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et réclament à la direction une série des mesures rapides pour leur permettre d'exercer de façon plus sereine. A défaut, leur démission sera effective le 1er octobre prochain.
Application de la circulaire urgentiste
« Nous ne pouvons pas continuer à travailler de la sorte, s'indigne le Dr Eddy Nicolas, leader du mouvement et membre de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF). Nous réclamons des médecins supplémentaires mais encore faut-il passer aux 39 heures, comme l'impose la circulaire de décembre 2014, pour qu'ils acceptent de rester ! »
Les urgentistes en colère souhaitent aussi une implication accrue des internes de chirurgie et une réorganisation du temps de travail des infirmiers. « Si rien ne change, on démissionnera, je vous l'assure ! », confirme le Dr Nicolas en référence au changement de cap des urgentistes avignonnais.
Pénurie d'urgentistes et de libéraux
Situé à 1 h 30 de Paris et 45 minutes de Chartres, Dreux souffre d'une pénurie d'urgentistes mais aussi de médecins libéraux, comme bon nombre de villes du Centre-Val de Loire.
Sans être signataire de la lettre de démission commune, le Dr François Delefosse, chef de service des urgences, « soutient » le mouvement de ses confrères. « Nous sommes douze équivalents temps plein pour assurer 46 000 passages par an, détaille-t-il. Certains sont médecins généralistes de formation et n'ont pas terminé le cursus d'urgentiste. On passe notre temps à la mine, sans pouvoir réfléchir à l'amélioration de nos pratiques ou à l'organisation du service. Il faudrait au moins quatre médecins en plus pour constituer une équipe pérenne. » Le médecin juge que la direction de l'établissement fait son possible pour répondre aux demandes des praticiens dans un contexte économique contraint.
Il est vrai que l'hôpital a beaucoup investi pour ses urgences. La directrice Carole Festa dit « comprendre » la grogne des urgences « sur le fond » mais se dit « surprise » sur la forme. « Nous avions déjà prévu d'ouvrir des négociations sur le temps de travail urgentiste en février, ça ne changera pas, explique-t-elle. Mais cette réforme implique un recrutement accru de médecins quand nous avons déjà du mal à trouver des candidats, aspirés par les CHU. Dans toute la région Centre, c'est par défaut qu'on recule un peu son application. »
Concernant les autres revendications, la directrice rappelle « avoir déjà mis en place des actions », dont la modernisation de l'accueil et des locaux en 2016, la mise en place d'un gestionnaire de lits et l'arrivée de deux nouveaux médecins à l'automne dernier. Souci aux dires de l'équipe médicale : l'un n'est pas urgentiste et l'autre a déjà fait sa valise.
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