Le Syndicat national des pédiatres français (SNPF), qui représente les pédiatres libéraux, lance un « cri d’alarme » sur l'avenir de la profession, à la suite de son conseil d'administration – au cours duquel sa présidente, le Dr Brigitte Virey, a été réélue pour trois ans.
L'effondrement de la démographie pédiatrique libérale est le sujet majeur. « Le nombre total de pédiatres augmente mais la part des pédiatres ayant une activité libérale exclusive a chuté de 12,5 % en 5 ans. Partout des cabinets se ferment et l’activité pédiatrique n’est pas reprise. Le manque de pédiatres est criant », explique le syndicat. Les jeunes médecins ayant choisi la pédiatrie sont réticents à s’installer « par ignorance de l’exercice libéral » et les places de stage en ambulatoire sont en nombre « trop limité ou ont baissé dans certaines régions », détaille le SNPF.
Le syndicat veut donc à la fois davantage d'internes en pédiatrie et davantage de stages réalisés en ville. « Des stages en libéral sont proposés partout, sauf à la faculté de Dijon. Celle de Lille en a ouvert un cette année, relève le Dr Brigitte Virey. Il y a environ 5 à 10 maîtres de stage libéraux par université, sauf que régulièrement, certains n'ont pas d'internes ! »
Cette année, 325 postes d'internes en pédiatrie sont ouverts dans toute la France. Alors que la procédure des choix de postes court jusqu'au 24 septembre, 182 postes ont été affectés. Le Dr Virey espère que tous seront pourvus, et surtout que l'exercice salarié ne séduira pas tous ces jeunes pédiatres.
Consultation pédiatrique dédiée
Autre raison du manque d'attractivité libérale, la rémunération en berne. « La pédiatrie fait partie des spécialités cliniques ayant les revenus les plus faibles parmi tous les médecins », souligne le Dr Virey en dépit de réformes de la nomenclature pédiatrique.
Selon les données de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), les quelque 1 600 pédiatres libéraux de secteur I affichent un BNC annuel moyen de 64 141 euros en 2017 (73 759 pour les 948 confrères en secteur II), loin derrière le résultat moyen de l'ensemble des praticiens libéraux (91 921 euros).
« Ce bénéfice net du pédiatre secteur I a augmenté de seulement 1 % en dix ans, tandis que celui des généralistes a augmenté de 9,3 %, et celui des autres spécialistes de 12,5 %, déplore le syndicat. Il est temps de tenir les promesses de revalorisation de l'acte pédiatrique à sa juste valeur ! ».
Le Dr Brigitte Virey milite pour la création d'une consultation pédiatrique dédiée, au même titre que les cardiologues ou les psychiatres. « Idéalement, cet acte serait coté 45 ou 46 euros et serait applicable aux consultations longues de dépistage par exemple, pas dans le cas d'une consultation pour varicelle évidemment ! », indique la spécialiste.
Elle souligne au passage le peu d'effet des consultations complexes ou très complexes, introduites il y a deux ans, et qui ne concernent qu'un petit nombre d'enfants et représentent « 400 euros par an environ ».
Arrêter les confusions
Le SNPF, qui compte environ 800 adhérents, déplore enfin « le galvaudage » de l'expertise pédiatrique. « Il ne suffit pas de prendre en charge un enfant pour se prévaloir de la qualification de pédiatre, tacle le syndicat. La confusion entre le pédiatre et les autres médecins amenés à prendre en charge des enfants s’accroît dans le grand public, dans l’indifférence de nos instances dirigeantes. » « Arrêtons l'hémorragie », résume le syndicat.
Pour 2019/2022, le syndicat se mobilisera sur l'organisation des soins non programmés, la reconnaissance de l’expertise du pédiatre libéral, sa place en premier recours ou encore le développement de l’entreprise médicale libérale pédiatrique.
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