ATTENTION, pénurie médicale annoncée ! Dans un rapport qui sera rendu public aujourd’hui, le conseil économique et social régional d’Ile-de-France (CESR) s’alarme de la désertification sanitaire qui menace de gagner des zones entières de la région à l’horizon de dix ans. Et propose une série de mesures pour enrayer ce processus.
Déjà très inégale en Ile-de-France (carence de soins infirmiers en grande couronne, quasi-absence de certaines spécialités dans les quartiers populaires, « trous » de permanence des soins, baisse régulière des installations libérales à Paris…), la situation sanitaire risque de devenir critique sous l’effet conjugué de la pyramide démographique et du faible taux de renouvellement des professionnels. Selon le rapport du CESR, la région verrait ses effectifs médicaux chuter de 10 % dans les dix prochaines années et de 20 % d’ici à 2030 (passant d’environ 46 000 à 37 000 sur la période). Or, moins d’un médecin sur dix choisit le secteur libéral, le plus à même de garantir un exercice de proximité. C’est particulièrement vrai en Ile-de-France où le secteur hospitalier et salarié aimante de nombreux médecins (du fait de grands pôles hospitaliers) tandis que les soins de ville sont « en tension » du fait du coût des investissements, constate le rapport.
Santé et aménagement du territoire.
Résultat : si rien n’est fait, l’accès à la santé va encore s’aggraver sur le territoire francilien en raison du déséquilibre croissant entre l’offre et la demande (la population francilienne devrait, elle, croître de 10 % d’ici à 2030...). Pour combattre les déserts, le rapport recommande d’inclure directement le secteur de la santé dans la politique d’aménagement du territoire en prenant en compte les aspirations des jeunes praticiens – travail en groupe pluridisciplinaire, qualité de vie, aides en début de carrière pour amorcer un exercice coûteux… Si certains remèdes sont assez classiques ou prévus dans la loi HPST, le CESR milite surtout en faveur de nouvelles « formes juridiques » pour organiser le secteur libéral de la santé. L’idée est d’encourager la création de « TPE de santé » (très petites entreprises) regroupant les professionnels libéraux. Ce secteur libéral de santé serait systématiquement inclu dans les projets d’aménagement du territoire (SDRIF, schéma directeur de la région) et de stratégie de développement économique et d’innovation (SRDEI). Les entreprises libérales de santé identifiées comme telles pourraient bénéficier du dispositif de prime d’aménagement du territoire (PAT), des programmes de développement/innovation ou encore de diverses aides économiques territoriales. Cette stratégie territoriale de santé, précise le rapport, serait conduite en partenariat l’ARS francilienne.
(1) « Territorialité et offre de soins : approche prospective des professionnels de santé dans l’aménagement du territoire de l’Ile-de-France ». Rapport présenté par le Dr Olivier Aynaud au nom de la commission de la santé.
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