La « situation sanitaire catastrophique » de la Martinique inquiète fortement la CSMF. Profitant de la visite du Premier ministre, Édouard Philippe, sur l'île ce samedi 4 novembre, la Confédération a énuméré les maux qui frappent aussi bien la médecine de ville que l'hôpital.
Démographie médicale « faible » et effectifs « en tension » en ville comme à l'hôpital, coordination ville/hôpital difficile en raison du manque d'équipement…. Pour la CSMF, ces difficultés s'expliquent principalement par une sous-dotation budgétaire à l'hôpital et l'absence de la réévaluation des tarifs des actes techniques en ville.
« Le coefficient majoré de 27 % pour la pratique hospitalière mérite d’être réévalué. Quant à la médecine de ville, si le tarif de la consultation a été revalorisé de 20 %, les tarifs des actes techniques n'ont bénéficié d'aucun coup de pouce financier. Il ne faut pas s'étonner que les médecins spécialistes ne veuillent pas s'installer », précise le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Le syndicat appelle le gouvernement à allouer les « moyens nécessaires » pour assurer le bon fonctionnement du système de santé de l'île.
Dysfonctionnement chronique du CHU
La centrale de médecins libéraux n'est pas la seule à s'inquiéter de la dégradation des conditions de travail des praticiens sur l'île. Fait rare, les chefs de pôle du CHU de Martinique (CHUM) ont manifesté la semaine dernière pour dénoncer l’état de vétusté de l’hôpital et le manque de moyens.
Se joignant à la grogne montante, la centrale Avenir hospitalier dénonce de son côté « l'inégalité patente d’accès aux soins pour la population », qui se manifeste à l'hôpital par « des bâtiments hospitaliers trop souvent vétustes, une grave dégradation des moyens matériels, un retard technologique et un turn-over des professionnels médicaux avec un recours massif à l’intérim ».
Les praticiens hospitaliers espèrent rencontrer ce samedi le Premier ministre ou un membre de son cabinet. « La santé en Martinique est une question sociale de premier plan, met en garde le Dr Jean-Luc Fanon, chef de pôle de gérontologie et de gériatrie du CHUM et représentant local d'Avenir hospitalier. Le CHUM a les mêmes missions universitaires et de premier recours que n'importe quel CHU mais les spécificités de l'île, qui ne sont pas prises en compte par les pouvoirs publics, contribuent à son dysfonctionnement et son déficit chroniques. La tarification à l'activité n'est pas adaptée pour un CHU qui ne prend en charge que 380 000 habitants. »
Les médecins du CHU de Martinique réclament un plan pluriannuel d’investissement et la révision du modèle économique du financement des hôpitaux des Outre-mer.
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