Entre Avignon et Beaucaire, la médecine générale en grande souffrance

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Publié le 03/04/2017
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entre beaucaire...

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Crédit photo : DR

C'est un chapelet de villages agricoles où poussent sans contrainte vigne, pommiers, abricotiers et pêchers. Malheureusement, les généralistes sont une denrée plus rare que les plantations à la pointe nord du delta du Rhône.

Entre Avignon et Beaucaire, la démographie médicale est en souffrance. Sur cette langue de 25 kilomètres située aux confins du Vaucluse, du Gard et des Bouches-du-Rhône, au moins deux médecins promettent de partir à la retraite dès le mois de juillet. Une grosse tuile pour les patients de ces environs ruraux et périurbains. « J'ai 68 ans. J'ai longtemps retardé mon départ en retraite mais des raisons personnelles et familiales font que je vais faire valoir mes droits », s'excuse presque le Dr Bernard Ravet. Installé dans le village de Comps (Gard) depuis 1978, le médecin se dit « désolé » pour ses patients mais n'entrevoit aucune solution pouvant pallier son départ. « La médecine libérale telle que je l'ai pratiquée n'existera plus dans peu de temps. Je vous le dis franchement : je ne pense pas que l'on me trouve un remplaçant », confesse-t-il.

Un départ terrible

S'il était isolé, le cas du Dr Ravet pourrait ne pas inquiéter outre mesure. Le hic, c'est que son confrère le plus proche, installé à Vallabrègues, village situé sur l'autre rive du Rhône, va lui aussi faire valoir ses droits à la retraite cet été ! « Son départ est terrible. Nous tentons de lui trouver un remplaçant par tous les moyens. Des annonces ont été posées dans des facultés françaises, mais aussi  un peu partout en Europe », explique Jean-Marie Gilles, maire de cette commune de 1 300 habitants. Prise en charge d'un loyer pour le cabinet, promesse d'un logement de fonction, la commune se démène… jusqu'ici sans succès. En quelques jours, une pétition en forme d'appel au secours auprès des pouvoirs publics et de l'agence régionale de santé d'Occitanie a rassemblé plusieurs centaines de signatures d'habitants du cru et alentours.

Dans le village, le départ du médecin généraliste inquiète d'autant plus qu'il menace par ricochet la fermeture de la pharmacie du village… « Il est notre principal prescripteur.  C'est compliqué pour nous », reconnaît Sandrine Daumas, la pharmacienne adjointe.

Difficile de prendre de nouveaux patients pour les médecins qui restent

 

En aval, à 6 km de là, dans les villes jumelles de Beaucaire (Gard) et Tarascon (Bouches-du-Rhône), la démographie médicale n'est guère plus rassurante. Dans son cabinet situé sur la rive gauche du Rhône, le Dr Paul Sylvain, médecin généraliste qui partira à la retraite en 2019, énumère : « A mon installation en 1989, nous étions 13 médecins pour 13 000 habitants ! En 2015, nous étions 10 pour 14 000 habitants. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que 6… dont 3 partiront à la retraite d'ici 2020. » Un tableau édifiant qui risque de laisser de très nombreux patients sans médecin traitant. Avec recul, le médecin analyse : « Les jeunes ne veulent plus travailler comme nous, et je les comprends ! Cela étant, pour la patientèle et pour le territoire, c'est  catastrophique. »

Un autre problème se pose. Sur place, les médecins en exercice ne semblent pas en mesure de prendre en charge la patientèle de leurs aînés sur le départ alors que Beaucaire (15 000 âmes) est en passe de devenir la troisième ville du département en nombre d'habitants. Ainsi cette bande de terre irriguée par le Rhône cultive un triste paradoxe : terreau propice à l'accueil des populations, elle s'assèche de ses compétences médicales.

De notre correspondant Guillaume Mollaret

Source : Le Quotidien du médecin: 9569