« Aujourd'hui, la prise en charge des personnes âgées par le médecin généraliste engendre des aménagements multiples, notamment lorsque ceux-ci sont polypathologiques : temps important à consacrer au dossier, prise en charge des différentes comorbidités, gestion et coordination des aides... Lorsque nous nous déplaçons à leur domicile, il faut prévoir le temps nécessaire. Cela doit être pris en compte dans nos journées qui sont déjà bien chargées », affirme le Dr Jérôme Bard, médecin généraliste à Villerest (Loire). Ce département est, aujourd'hui considéré comme ayant la troisième population la plus vieillissante de France.
« Nombreuses, les personnes âgées y ont, en moyenne, un revenu plutôt faible, ce qui complique l'accès aux soins », précise le Dr Bard.
Une filière pour prévenir la dépendance
Dans leurs missions de coordination des soins, les médecins généralistes doivent, souvent, faire appel au services d'aide à domicile (ménage, aide à la toilette, aux soins d’hygiène, à la prise de médicaments...) dont la diversité et la disponibilité est très hétérogène selon les territoires. Pour améliorer la prise en charge des séniors de la région roannaise, un organisme dépendant de l'hôpital de Roanne a vu le jour en mars 2007. Baptisé Filière gérontologique, l'organisme fédère plusieurs réseaux et associations comprenant des acteurs sociaux, des infirmiers, des aides-soignants, des auxiliaires de vie et des services de télé-assistance pour améliorer le quotidien des personnes âgées. « La Filière gérontologique comprend également un réseau spécifiquement dédié à la maladie d'Alzheimer (visites, ateliers et activités pour les patients à domicile). De même, il existe, en parallèle, au niveau de l'hôpital de Roanne, une unité mobile composée de praticiens qui -à la demande des médecins libéraux- se déplacent au domicile des personnes âgées pour évaluer leur état de santé, mettre en place des actions de prévention afin d'éviter les passages inutiles -et parfois, délétères- à l'hôpital », explique le Dr Bard. Dans son cabinet médical, ce médecin de la région de Roanne reçoit tous les jours des personnes âgées. « Si l'un de mes patients risque de perdre son autonomie ou s'il devient brutalement dépendant, je peux m'appuyer sur les acteurs de soins de proximité et ceux de la Filière Gérontologique pour obtenir l'aide adaptée à ses besoins afin qu'il puisse rester le plus longtemps possible à son domicile. Néanmoins, l'évaluation sociale et financière de la personne âgée n'est pas toujours facile à effectuer et celle-ci peut être réticente à toute aide extérieure au sein de son domicile », confie le Dr Bard.
Revaloriser les consultations
À l'avenir, pour pouvoir continuer à prendre en charge la population vieillissante, les médecins généralistes attendent certaines incitations. « Il faudra certainement revaloriser le prix de la consultation de la personne âgée vivant à domicile car le temps qui y est consacré et la complexité de la prise en charge nécessitent des aménagements. La nouvelle convention a accordé une revalorisation de la visite longue (deux à trois fois par an) pour une personne âgée démente et/ou ayant une maladie neurodégénérative. Demain, il faudrait généraliser cette revalorisation à tous les patients âgés à domicile », estime le Dr Bard. Autre point important : la désertification médicale. Comme d'autres régions, celle de Roanne en est également sévèrement touchée. « À la fin du mois de juin, 6 généralistes prendront leur retraite et ne seront pas remplacés. Ce manque de moyens médicaux va détériorer la prise en charge de nos aînés dont le nombre augmente chaque année. Les solutions au problème de désertification médicale devraient être discutées d'urgence par nos politiques », conclut le Dr Bard.
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