Mercredi dernier, le Dr Patrick Rousseaux, médecin généraliste, était tué de multiples coups de couteau à son cabinet à Nogent-le-Rotrou, par un de ses patients.
Ce mardi, une centaine de médecins et autres professionnels de santé – infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens – se sont rassemblés à midi devant la préfecture de d'Eure-et-Loir, à Chartres, pour lui rendre hommage. Sous le choc, ils portaient pour la plupart un brassard blanc.
« Ce médecin de famille de 64 ans a consacré toute sa vie à ses patients, il savait les soigner et les réconforter, et il aimait la vie mais le destin en a décidé autrement, a déclaré, ému, le Dr Gérald Galliot, président de la CSMF 28. Nous témoignons notre tristesse et notre soutien à la famille, mais aussi notre effroi et notre colère face à ce drame qui endeuille toute la profession. »
Les médecins ont observé une minute de silence à la mémoire de leur confrère, dont la famille, qui n'a pas souhaité s'exprimer, était présente.
L'Ordre « atterré »
La présidente de l'Ordre local, le Dr Véronique Fauchier, a rappelé que le président de l'Ordre national, le Dr Patrick Bouet, avait été reçu par le ministère de l'Intérieur fin 2016 sur les questions de sécurité des médecins. « Le Conseil de l'Ordre est atterré par cet assassinat (...) et j'assure la famille de notre plus profond soutien devant cette épreuve difficile », a indiqué le Dr Fauchier.
Les médecins, très touchés, sont restés quelques minutes de plus pour discuter entre eux avant de se disperser. « Ces problèmes de sécurité sont aussi liés aux problèmes de démographie que l'on connaît dans le département, explique un médecin généraliste de Châteaudun. Le patient qui a tué notre confrère avait des problèmes psychiatriques, or nous n'avons presque plus de psychiatres pour prendre en charge ces patients, ce sont donc les médecins généralistes qui les reçoivent. »
Référent sécurité, numéro d'appel...
Une délégation de quatre personnes, composée de la présidente de l'Ordre local, du Dr Gérald Galliot, du Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, et du Dr Hugues Deballon, représentant de l'URPS médecins libéraux, a ensuite été reçue par le préfet, la directrice de l'agence régionale de santé (ARS) et les représentants de la police et de la gendarmerie en début d'après-midi.
Plusieurs mesures devraient être rapidement instaurées au niveau du département. « Chaque médecin aura un référent sécurité, de la police ou de la gendarmerie selon le lieu où il exerce, qu'il pourra contacter en cas de problème », a assuré le Dr Galliot à l'issue de l'entrevue, jugée « très positive ».
Un numéro d'urgence sera créé, pour lequel les professionnels de santé seront prioritaires et identifiés, ce qui leur permettra un accès direct aux forces de l'ordre.
La préfecture devrait également solliciter les aides qui sont octroyées par l'État, via un fonds spécifique, pour la vidéosurveillance. Enfin, ces mesures de sécurité pourraient être intégrées aux cahiers des charges des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP).
Une prochaine réunion avec le préfet d'Eure-et-Loir doit avoir lieu fin mars ou début avril. « J'ai par ailleurs rédigé un courrier à destination du ministère de l'Intérieur, car nous souhaitons aussi être entendus au niveau national, précise le Dr Gérald Galliot. Certaines de ces mesures avaient été évoquées il y a dix ans par le ministère, mais il aura fallu un drame pour qu'on en reparle… »
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