LE QUOTIDIEN : Cette année, pour la 10e édition des Rencontres de Reagjir, vous avez choisi le thème de la formation continue. Pourquoi ?
Dr AGATHE LECHEVALIER : Nous avons choisi cette thématique car fin 2021, les médecins remplaçants ont été exclus des formations DPC (développement professionnel continu, NDLR) à la suite d’une décision incompréhensible de l’Agence nationale du DPC. Les remplaçants qui cotisent au Fond d'assurance formation (FAF) – donc ceux qui ne sont pas aux régimes simplifiés des professions médicales – ont la possibilité de prendre en charge leur frais de formation grâce à leurs cotisations Urssaf, mais ils ne seront pas indemnisés. L’objectif du congrès sera d’expliquer les possibilités de formation continue, mais aussi de voir à quoi devront s'attendre les jeunes médecins avec la mise en place de la certification périodique.
Plus globalement, que ce soit pour la formation, comme pour le Dispositif d'indemnisation pour perte d'activité (Dipa), nous demandons depuis des années le conventionnement des remplaçants par l'Assurance-maladie. Des discussions commencent à se mettre en place pour la prochaine convention médicale de 2023. Nous serons actifs et force de proposition, c’est le bon moment pour conventionner les remplaçants.
Comment les remplaçants abordent l’été, à l’aune de la crise des urgences ?
Tous les étés désormais, les médecins installés doivent fermer leurs cabinets ou s’organiser entre confrères, par manque de remplaçants. Les remplaçants ne représentent que 7 % des médecins inscrits à l’Ordre, donc malheureusement ils ne peuvent pas être partout à la fois. Les problèmes des urgences ne sont que la conséquence des difficultés de la ville : des patients qui n’ont plus accès aux consultations et qui se rabattent vers les urgences. Nous regardons avec un peu de curiosité la mission flash mise en place par le gouvernement : nous sommes contents que les politiques se saisissent du sujet mais malheureusement je pense qu’il est peut-être trop tard.
Face à la pénurie médicale, nous défendons l'idée - qui a du mal à être reprise politiquement - selon laquelle le médecin n’est pas toujours la solution. Il faut sortir du tout médical, avec de grands plans de prévention et d’éducation à des mesures simples en cas d’infection virale, de gastroentérite. Il faut apprendre à la population quand aller voir le médecin, quand demander plutôt un conseil à son pharmacien, quand consulter une sage-femme ou une infirmière de pratique avancée… Nous voulons que le temps médical puisse être consacré à des actes médicaux. Il n’y a pas besoin de neuf ans d’études pour soigner une rhinopharyngite !
Le congrès mettra également les collectivités territoriales à l’honneur. Face à la désertification, que pensez-vous de la mise en place d’une 4e année d’internat de médecine générale en zone sous-dense ?
Nous sommes contre une mise en place pour les internes dès la rentrée 2022 car ce n’est pas près. Beaucoup de questions se posent encore : qui va rémunérer les internes ? Quel va être leur système de protection sociale ? Aucune hypothèse concrète ne nous est présentée pour l’instant. Par ailleurs, nous avons peur que cette 4e année en zone sous-dense pousse finalement les nouveaux internes, qui choisiront leur spécialité cet été, à se détourner de la médecine générale… Nous souhaitons que cette année supplémentaire soit vraiment formatrice, professionnalisante et qu’elle ne soit pas simplement instaurée pour mettre des médecins là où il n’y en a plus.
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