Favoriser l'installation libérale des jeunes médecins, si possible dans les zones déficitaires, est un défi majeur pour le gouvernement.
Invitée vendredi dernier aux huitièmes rencontres du syndicat ReAGJIR (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants) à Reims, la ministre de la Santé a donné des gages de bonne volonté aux 160 congressistes en évoquant deux réalisations de son ministère : le financement de l'exercice coordonné au sein des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), pratique sollicitée par la jeune génération, et la création d'un contrat unique de début d'exercice, en remplacement de quatre mécanismes (PTMG, PTMA, PTMR, PIAS) trop peu lisibles.
Si cette simplification administrative est plutôt bienvenue, elle ne semble pourtant pas suffire aux yeux de certains jeunes généralistes présents à Reims. « L’installation est étroitement liée à la dimension territoriale, bien loin devant les aides financières », rappelle le Dr Vanessa Fortané, vice-présidente pluripro de ReAGJIR. Le médecin généraliste de l'Oise reprend à son compte une étude ordinale qui démontre que les jeunes médecins souhaitent en priorité être « accompagnés » avant leur installation par un confrère ou une consœur (68 %), par les collectivités territoriales (53 %), par l’Ordre des médecins (48 %) ou par l'agence régionale de santé (47 %).
Gastronomie dans le Gers
L'appel des jeunes a été entendu dans certaines collectivités territoriales touchées par la désertification. Dans le Grand-Est, l'ARS a créé en 2017 le dispositif La Passerelle, en partenariat avec l'Ordre des médecins de Meurthe-et-Moselle, l'URPS médecins libéraux et la faculté de médecine de Nancy. « Dans les cinq ans à venir, 30 % des médecins généralistes de la région vont partir à la retraite », souligne Christophe Lannelongue, directeur de l'ARS. Une chargée de mission a été recrutée pour proposer « un accompagnement personnalisé » aux internes afin de les aider à définir leur projet professionnel (information sur les lieux et modes d’exercice, les aides à l’installation…). Cette aide s'adresse aussi aux remplaçants et aux médecins en réorientation pour finaliser leurs projets d'installation. Après deux ans de fonctionnement, La Passerelle a accompagné 90 jeunes. 30 se sont installés : 14 internes et 16 remplaçants. « Le dispositif est notamment bien ancré en Lorraine et monte en puissance », se réjouit Pauline Thiriet, chargée de mission de La Passerelle Champagne-Ardenne.
Également présent à Reims, les représentants du Gers (180 000 habitants) ont dévoilé les avancées du programme départemental « Futurs médecins, #Dites32 », déployé en novembre 2016 en partenariat avec l'Ordre des médecins. Ce dispositif comporte plusieurs volets : accueil des internes pendant leurs semestres de stages pour leur faire découvrir le territoire, aides au logement, soirées thématiques en présence de médecins gersois installés, ateliers de découverte culturelle ou gastronomique… « Le choix d’installation sur un territoire ne porte pas sur les aides financières mais sur un cadre de vie qui permet un exercice professionnel et une vie familiale satisfaisantes », rappelle Jérôme Samalens, conseiller départemental du Gers. « Avant, les internes choisissaient le Gers par défaut mais ce n'est plus le cas maintenant », ajoute Charlette Boué, vice-présidente du conseil départemental. Après trois ans de fonctionnement, le département n'affiche pas encore de résultats positifs. Mais le Gers veut y croire : « cette politique portera ses fruits ».
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