« Aujourd'hui, kinés, pharmaciens, infirmiers sont tous régulés, mais pas les médecins. » Lors des 29es rencontres de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, qui avaient lieu du 8 au 10 juin, sa présidente, Hélène Derrien, a réclamé des mesures fortes pour favoriser l'installation de médecins dans les zones sous-denses. Sans détour, elle prône « la remise en cause de la liberté d'installation des médecins ». « Si rien n'est fait très vite, on court à la catastrophe », assure-t-elle.
Pour la coordination, « c'est la démocratie sanitaire qui doit dicter l'installation des généralistes comme des spécialistes ». Autre piste évoquée, celle de la refonte des études médicales avec la multiplication des lieux de stages dans les territoires de désertification médicale. Enfin, Hélène Derrien propose la création d'un service sanitaire qui contraindrait les jeunes médecins à exercer « quelques années, par exemple trois à cinq ans » dans les territoires sous-dotés.
Les rencontres de la coordination sont également l'occasion chaque année pour les petits hôpitaux de réaffirmer leur défense d'une médecine de proximité et leur opposition aux logiques de regroupement des structures. « Notre définition des hôpitaux de proximité, c'est une maternité, un bloc opératoire et un service d'urgences avec service mobile de réanimation », a insisté Hélène Derrien. À défaut, l'hôpital devient « une coquille vide ».
En conséquence, la coordination a tenu à exprimer sa circonspection quant au récent rapport rendu par le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie (HCAAM). « La création de 600 établissements de proximité n'est pas faite pour nous rassurer, a précisé Hélène Derrien au « Quotidien ». Nous avons peur de voir fermer un certain nombre de services de proximité déjà existants. »
Aussi, les comités ont dénoncé la volonté des agences régionales de santé (ARS) de « transformer de plus en plus de petits services d'urgences en centres de soins non programmés » et rejettent en bloc le récent décret qui autorise la mutualisation des urgences et du SMUR en cas de faible activité.
La maternité du Blanc une nouvelle fois menacée
Hasard du calendrier, le même week-end avait lieu au Blanc (Indre) une réunion publique pour protester contre le risque de fermeture de la maternité. Régulièrement menacée depuis 2012, celle-ci reçoit le soutien appuyé de la population, sages-femmes, futures mères et élus en tête. La CGT appelle également à une journée de mobilisation ce mardi 12 juin.
La maternité pourrait fermer ses portes durant les mois de juillet et août en raison d'une pénurie de médecins et de personnels. Dans un communiqué, le comité de défense des usagers du site hospitalier du Blanc alerte sur le danger que cela représente pour les parturientes : « Un temps de transport supérieur à 45 minutes multiplie par deux les risques d'accidents de naissance. »
Selon le comité, la source du dysfonctionnement est à trouver dans le regroupement de la maternité du Blanc au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) dont l'hôpital support, celui de Châteauroux, accuse déjà des problèmes de recrutement médical. C'est toute l'organisation géographique qui est mise en cause. « Depuis le 1er janvier 2017, date de fusion avec Châteauroux, la situation du Blanc n'a cessé de se dégrader sans aucune considération pour les besoins des patients ni ceux du personnel », indique le communiqué. « Ne faut-il pas revoir la géographie des GHT ? Le Blanc ne devrait-il pas sortir de la fusion avec Châteauroux et rechercher de nouveaux partenariats ? »
Une pétition en ligne va être lancée pour réclamer notamment un recrutement qui pérennise l'offre de soins du site hospitalier et un médiateur afin de « renouer les coopérations avec le CHU de Poitiers ». Une réunion est d'ores et déjà prévue entre le comité de défense et les maires du bassin de santé, a indiqué au « Quotidien » Jean-Michel Mols, président du comité de défense du site hospitalier du Blanc.
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