Entre le gouvernement et les médecins libéraux, le dialogue semble définitivement rompu.
L’adoption en seconde lecture du projet de loi de santé par les députés, dans un contexte extrêmement tendu après les récents attentats terroristes, indigne les principaux syndicats de médecins libéraux. Après avoir spontanément stoppé leur grève au soir d’une journée de mobilisation réussie, le 13 novembre, pour prendre en charge les victimes des attaques meurtrières qui ont frappé Paris, les organisations, jointes par « le Quotidien », ont affirmé leur volonté d’entrer en résistance contre cette réforme, plus particulièrement contre le tiers payant généralisé. Tous les syndicats de médecins libéraux doivent se réunir avant les vacances de Noël pour préparer des assises de la médecine libérale programmées le 11 février 2016, jour de la grande conférence de santé de Manuel Valls, qu’ils ont décidé de boycotter.
Vers un nouveau black friday ?
À l’issue du vote, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a une nouvelle fois invité les praticiens libéraux à s’opposer à toutes les étapes de la généralisation de la dispense d’avance de frais, « qui ouvre la porte aux assurances complémentaires ». « Nous refusons que les assureurs deviennent les payeurs des médecins qui perdront toute liberté de prescription », affirme le Dr Jean-Paul Ortiz.
Le 1er décembre, l’Union française pour une médecine libre (UFML) a appelé la profession à boycotter la télétransmission et à arrêter la permanence des soins dès janvier 2016 jusqu’à l’ouverture de la grande conférence nationale de santé. Une initiative que les coordinations de médecins, très actives ces derniers mois, pourraient relayer sur le terrain. « Nous préparons aussi un kit de déconventionnement pour accompagner les médecins qui souhaiteraient être éclairés », ajoute le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, qui affirme avoir reçu « beaucoup de demandes ». À quelques jours du premier tour des élections régionales, l’association a conçu des affiches à apposer dans les cabinets médicaux mentionnant le nom des députés ayant voté la loi de santé. L’UFML n’exclut pas un second Black Friday dans les prochains mois après la levée de l’état d’urgence.
Jouer collectif
Bien que l’unité syndicale soit de mise, chaque syndicat, à son niveau, joue sa carte. MG France reste engagé dans le bras de fer tarifaire avec le C à 25 euros en étendard. De son côté, la FMF s’engage à « tout faire afin que les décrets de publication ne sortent pas », explique son président, le Dr Jean-Paul Hamon. Le SML va également s’engager dans l’obstruction. « Nous ferons de la résistance jusqu’à 2017, période de l’élection présidentielle », assure son chef de file, le Dr Éric Henry.
Après une période de discrétion médiatique consécutive aux attentats, les syndicats vont tenter de trouver une ligne commune. « Nous souhaitons continuer à être cohérents ensemble », justifie le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC. La prochaine réunion intersyndicale doit permettre de définir « des priorités » en vue des prochaines négociations conventionnelles, qui doivent démarrer au printemps 2016, précise le Dr Claude Leicher, président de MG France.
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