La prévention est un enjeu prioritaire pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Elle est également un sujet primordial pour la caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). Dans son dernier rapport « charges et produits », destiné à aiguiller le gouvernement sur les économies possibles dans le prochain budget de la Sécu, la CNAM réaffirme que les médecins libéraux doivent être des acteurs majeurs de la prévention. Elle mise plus particulièrement sur l'implication des praticiens grâce à la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) toiletté dans la dernière convention médicale. Si la ROSP (qui a représenté une prime moyenne de 7 000 euros environ par généraliste en 2016) a enregistré des résultats probants depuis sa mise en place en 2012, ses performances en matière de dépistage et de vaccination sont perfectibles. Le volet de la prévention est celui qui a enregistré la progression la plus modérée (+6,7 points). Les taux d'atteinte des objectifs sont passés de 35,1 % en 2012 à 41,8 % en 2016, illustrant la difficulté d'obtenir des résultats dans ce domaine. « La ROSP n'a pas réussi à inverser la tendance à la baisse des pratiques de dépistage et de vaccination, qui connaissent depuis plusieurs années un contexte de défiance », observe notamment la CNAM. La part de patientes de 50 à 74 ans ayant bénéficié d'une mammographie et le taux des femmes de 25 à 65 ans ayant eu un frottis au cours des trois dernières années sont en baisse depuis 5 ans. La vaccination antigrippale des plus de 65 ans et des patients en ALD a également reculé depuis 2012.
Douze items, 41 % des points
L'assurance-maladie continue pourtant de croire que la ROSP peut être un levier de l'amélioration des pratiques en matière de prévention. Elle a même changé de braquet dans la nouvelle convention, rappelle le rapport charges et produits. Les indicateurs consacrés à la prévention sont plus nombreux – ils sont passés de 8 à 12 sur un total de 29. Ils représentent 390 points sur un total de 940, soit 41 % des points, précise la CNAM. Un indicateur consacré au dépistage du cancer colorectal a été ajouté. Un deuxième porte sur la prévention du risque cardio vasculaire et deux autres concernent les conduites addictives en matière d'alcool et de tabagisme. « Ces nouveaux indicateurs s'articulent avec les préoccupations portées par les divers plans ministériels de santé publique, indique l'assurance-maladie. Ils concourent à deux finalités principales, l'éviction des risques iatrogéniques d'une part et le dépistage et la vaccination d'autre part. »
L'enfant, au cœur d'un suivi spécifique
Une ROSP spécifique au médecin traitant de l'enfant a également été introduite par avenant dans la convention qui vise notamment à améliorer la détection de l'obésité et le suivi bucco-dentaire (en observant la part de patients "médecin traitant" de moins de 16 ans visés ayant bénéficié d'au moins un examen bucco-dentaire).
En dehors de la ROSP, l'assurance-maladie rappelle avoir mis en place des consultations dédiées à la contraception et à la prévention des maladies sexuellement transmissibles pour les jeunes filles de 15 à 18 ans. De même, une consultation de suivi de l'obésité pour les enfants de 3 à 12 ans a également été instituée.
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