LE QUOTIDIEN – Pourquoi un groupe mutualiste comme le groupe Pasteur Mutualité organise-t-il un colloque sur un thème aussi général ?
Dr BRUNO GAUDEAU – Vous savez que le GPM a prolongé l’action de l’AGMF, en développant ses prestations vers l’ensemble des professionnels de santé depuis 1990. Nous avons hérité de l’AGMF une tradition de prévoyance et d’entraide mais aussi de prospective et à ce titre, nous nous intéressons bien sûr à la santé publique et aux mutations des exercices professionnels de santé.
Qui peut nier que le vieillissement de la population aura un impact majeur sur les exercices professionnels ? D’autant que, dans toutes les professions, on assiste à un reflux démographique marqué. Un phénomène aggravé par des modifications quotidiennes : féminisation croissante qui favorise le travail à temps partiel en raison des importantes charges familiales de nos consurs ; désir des jeunes de préserver, mieux que les anciens, leur qualité de vie, ce qui conduit au développement du salariat et du remplacement au long cours, une solution déjà choisie par 10 000 à 15 000 confrères.
Comme nous devons lutter contre les effets délétères de ce paradoxe et assurer la permanence des soins – en particulier dans ce que l’on appelle les déserts médicaux – il est urgent de dégager des pistes nouvelles, sans contraintes, ce qui ne nous paraît pas réaliste.
Quelles pistes allez-vous explorer ?
Tout d’abord l’adaptation de la formation et de l’organisation des soins. En ce qui concerne la formation, avons-nous vraiment intégré les conséquences du vieillissement de la population à ce niveau ? Que devons nous faire pour améliorer les choses ?
Que ce soit au niveau de la démographie ou pour la prise en charge spécifique des personnes âgées, les Conseils généraux sont aux avant-postes, avec des réussites exemplaires (Creuse, Haut-Rhin…), mais aussi d’importantes disparités. Il nous semble important, à l’occasion de la mise en place des ARS [agences régionales de santé], d’analyser les rôles respectifs de ces ARS, des Conseils généraux et des organismes professionnels, afin d’améliorer la prise en charge des personnes âgées… En n’oubliant pas que la plus grande partie du financement provient des départements… Enfin, nous aurons une vision prospective, en analysant l’apport potentiel des nouvelles technologies (télésurveillance, télémédecine, capteurs de chute…), ce qui impose de mieux définir le bon usage de ces technologies, tâche qui est impartie au Centre national de santé à domicile et de l’autonomie, autour de 4 CHU (Grenoble, Nice, Limoges et Toulouse), nouvellement créé à l’initiative du ministère de l’Industrie. Il importe aussi de clarifier les problèmes de responsabilité générés par ces nouvelles prises en charge et d’améliorer les financements de ces nouveaux types de soins.
Vous le voyez, nous avons du pain sur la planche ! Mais les enjeux sont d’importance.
Renseignements sur www.gpm.fr
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