LA MINISTRE de la Santé a donné des gages verbaux aux hôpitaux locaux réunis en colloque à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Dans un message diffusé lors de ce rendez-vous, Marisol Touraine s’est employée à rassurer les représentants des quelque 300 hôpitaux de proximité. « Je veux que vous jouiez pleinement votre rôle dans les territoires, a-t-elle lancé aux congressistes, rappelant le rôle de premier recours joué par ces établissements qui emploient 2 000 à 2 500 généralistes libéraux. Je compte sur vous pour inciter des généralistes ou d’autres professionnels de santé, à s’installer dans des zones qui souffrent d’une pénurie de médecins. »
La ministre de la Santé a rappelé avoir pris plusieurs engagements depuis 18 mois pour préserver ces structures dont le statut officiel d’hôpital local a été supprimé par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Elle a par exemple reporté la mise en œuvre de la tarification à l’activité dans ces établissements.
L’un des douze engagements du pacte territoire-santé (lancé il y a un an) destiné à lutter contre les déserts médicaux prévoit justement de conforter les hôpitaux locaux, « point d’appui pour les soins de proximité » dans les territoires fragiles. Ce sont notamment ces établissements qui doivent permettre de garantir un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes, une promesse de François Hollande. Les hôpitaux locaux auront toute leur place dans la stratégie nationale de santé, a assuré à nouveau Marisol Touraine, même si des freins juridiques ou financiers handicapent parfois la coopération avec la médecine de ville (notamment pour la mise en place de consultations avancées de spécialistes).
L’épine du financement.
La ministre de la Santé a demandé aux agences régionales de santé (ARS) d’identifier les difficultés des hôpitaux de proximité et a évoqué les partenariats plus équilibrés qu’ils pourraient nouer avec d’autres centres hospitaliers pour « mutualiser des services et bénéficier de consultations avancées ».
Ces propos n’ont pas pleinement rassuré les directeurs d’établissement (ANCHL) et les médecins généralistes (AGHL) des hôpitaux locaux, qui réclament un moratoire sur la fermeture des lits et un plan de développement de ces établissements. Une récente étude a montré que 5 000 lits avaient été supprimés et 44 établissements transformés de 2004 à 2011. « Nous demandons un financement spécifique, pas seulement basé sur l’activité mais intégrant les missions nécessaires pour garantir un parcours gradué et efficient », a exposé le Dr Pascal Gendry, au nom de l’AGHL et de l’ANCHL lors du colloque. Médecins et directeurs demandent plus de visibilité pour leur secteur et un « management cohérent ».
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