LA MAISON départementale des personnes handicapées de Paris porte bien son nom. Ses jolis murs tout neufs, au sein de vieux bâtiments de la rue Victoire, dans le 9 e arrondissement, font que celui qui y entre peut s’y sentir bien accueilli.
C’est la loi handicap du 11 février 2005 qui a créé les MDPH. L’idée était d’offrir aux personnes handicapées un guichet unique, afin de faciliter leurs démarches administratives. Ces maisons assurent désormais, sous l’égide des conseils généraux, les missions autrefois dévolues aux COTOREP (commissions techniques d’orientation et de reclassement professionnel), aux CDES (commissions départementales de l’éducation spécialisée) et aux sites pour la vie autonome (SVA). L’objectif semble avoir été rempli, du moins en Île-de-France, au vu des résultats émanant d’un questionnaire qui a été élaboré par la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) pour évaluer la satisfaction des usagers*.
L’évaluation d’abord.
Au troisième étage du bâtiment se trouve le pôle médical. Au deuxième, le pôle ressources médico-sociales. Au total, 150 personnes sont employées par la MDPH d’Île-de-France, dont 18 médecins (quatre psychiatres et quatorze généralistes). Le Dr Grégory Tosti y a exercé jusqu’au début du mois les fonctions de médecin coordonnateur du service médical adulte depuis la création de la Maison. Le Dr Valérie Martin vient de reprendre le flambeau.
Même si l’évaluation finale est pluridisciplinaire, c’est d’abord le médecin qui porte le premier regard sur les dossiers qui sont présentés à la MDPH. En effet, avant qu’une enquête sociale soit lancée, qu’un plan de compensation soit évalué ou qu’une place en établissement médico-social soit recherchée, le médecin doit étudier le dossier afin d’attester non seulement de la présence d’une pathologie mais également d’identifier le retentissement fonctionnel, physique ou psychique de cette maladie et de mesurer l’importance de ces déficiences. Il évaluera également l’évolution de la pathologie et donc du handicap à long terme. De ces premières évaluations dépendront l’accès aux prestations et leur durée d’attribution.
Après cette évaluation, le médecin pourra orienter le dossier vers le circuit le plus adapté : référents d’insertion professionnelle (les RIP, qui sont en lien étroit avec les pôles emploi, les établissements de soutien et d’aide au travail), évaluateurs PCH (prestation de compensation du handicap), assistantes sociales. Mesurer la lourdeur du handicap permettra par exemple d’orienter la personne vers le type d’établissement le plus adapté. « Nous devons trouver la meilleure compensation possible pour la personne dans sa vie quotidienne, insiste le Dr Tosti. Faire bénéficier d’une AAH (Allocation adulte handicapé) ou éventuellement choisir de prendre le temps pour le soin avant une insertion professionnelle. Nous devons veiller surtout à ce que les moyens soient bien adaptés au handicap et qu’ils n’aggravent pas la maladie. Si une personne émet le souhait de tel ou tel matériel de compensation, un clavier ergonomique par exemple, nous devons faire en sorte que le matériel qui lui sera proposé soit adapté au handicap et au contexte. »
Chaque semaine, la CDAPH, la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées rend mille décisions. Elle réunit, au rez-de-chaussée de la MDPH, des représentants de l’Etat, des représentants des usagers, du département, du conseil général.
Au moment de la création de la MDPH de Paris, il fallait une année pour que les dossiers soient traités. Aujourd’hui, une demande de reconnaissance de travailleur handicapé, d’AAH ou de carte de stationnement prend cinq mois. Cela reste plus long dans certains cas, comme une demande de PCH (huit mois en moyenne). « Lorsque des aménagements du logement sont nécessaires, il ne s’agit pas seulement que les équipes d’ergothérapie et les médecins les étudient, il faut passer par l’étape des devis, de l’autorisation du bailleur et cela prend du temps. » Concernant le traitement des dossiers traitant de pathologies psychiatriques, de nets progrès ont été réalisés. Les délais sont passés de 24 à 5 mois.
Appel aux généralistes.
La MDPH travaille en collaboration avec certains services hospitaliers, comme ceux de Sainte-Anne, à Paris. « Nous créons des partenariats afin qu’ils nous donnent les éléments dont nous avons besoin pour améliorer le traitement des dossiers. » Quant aux généralistes, « il est très clair que ce sont eux, qui sont sur le terrain, en contact direct avec les malades, les aidants, qui ont une idée très vraie de l’environnement de la personne. Nous savons que la paperasse est astreignante, mais nous voudrions qu’ils n’hésitent pas à joindre aux dossiers une petite note, attestant non pas que telle personne est bien atteinte d’une sclérose en plaques ou qu’elle a besoin d’une carte d’invalidité puisque nous avons l’obligation médico-légale d’évaluer cela, mais plutôt de donner des détails sur sa fonctionnalité, comme le fait qu’elle soit incapable de monter plus de trois ou quatre marches. » Par ailleurs, regrette le Dr Tosti, nous conservons l’étiquette du « médecin COTOREP», « un dinosaure poussiéreux face à une pile de dossiers, qui n’a aucune expérience clinique. Cette image doit changer car elle ne reflète plus la réalité ».
*Questionnaire disponible sur le site http://satisfactionmdph.fr .
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