LA MISE en place du projet professionnel commun est née d’une réflexion commune engagée par l’ensemble de la profession il y a quatre ans. « Nous sommes alors partis du constat qu’il fallait revoir l’organisation de nos pratiques si nous voulions être capables de répondre aux défis de l’imagerie de demain », explique le Dr Pascal Béroud, secrétaire général du Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH). « En effet, deux réalités s’imposent aujourd’hui à nous. D’une part, nous sommes confrontés à une baisse importante de la démographie radiologique. D’autre part, nous constatons une augmentation de l’activité en imagerie, avec un recours croissant à l’imagerie en coupe qui est plus chronophage en temps médical que la radiologie conventionnelle. Face à cette double réalité, il est indispensable de réfléchir à une évolution de nos organisations. Sinon, il est clair que nous irons droit dans le mur », avertit le Dr Béroud.
Au départ, la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) a joué un rôle d’initiateur. Mais très vite, le projet a été élaboré et porté par le G4 de la radiologie qui regroupe l’ensemble de la profession : FNMR, SRH, Société Française de Radiologie (SFR) et Collège des Enseignants de Radiologie en France (CERF). « Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’était plus possible qu’au niveau d’un territoire de santé, chacun continue à travailler dans son secteur avec des organisations qui lui sont propres. Pour nous, il est indispensable de dépasser certains clivages, certaines frontières entre l’imagerie médicale publique et l’imagerie libérale. Aujourd’hui, ces clivages n’ont plus lieu d’être. Et il y a vraiment une nécessité de mettre en commun nos organisations, nos compétences et nos équipements », estime le Dr Béroud, qui plaide pour la constitution d’équipes de 15 à 20 radiologues susceptibles de mettre en œuvre un projet médical, partagé par tous, sur un territoire donné. « Ce terme de territoire peut avoir une signification différente selon les régions. En Ile-de-France, les territoires de santé sont très étendus (un territoire est égal à un département, entre 1,3 et 2,2 millions d’habitants). Pour ce projet, il faut donc définir des zones géographiques avec une certaine cohérence. On peut penser qu’un(e) patient(e) acceptera de faire 25 kms pour faire une IRM mais peut-être pas pour une mammographie ou une simple radiographie du poignet », souligne le Dr Béroud.
Adoption de l’article 33 de la loi Fourcade.
Ce projet professionnel commun a bien sûr été présenté aux tutelles et aux responsables politiques. Le G4 a fini par obtenir une victoire avec l’adoption de l’article 33 de la loi Fourcade du 11 août 2011, visant à modifier certains points de la loi Hôpital, patients, santé, territoire (HPST), votée en 2009. Cet article 33 stipule qu’une Agence régionale de santé (ARS) peut autoriser à « titre expérimental la création de plateaux d’imagerie médicale mutualisée impliquant au moins un établissement de santé, comportant plusieurs équipements lourds d’imagerie diagnostique différents ». « L’expérimentation a pour objet d’organiser la collaboration entre les professionnels et de favoriser la substitution et la complémentarité entre les techniques d’imagerie médicale. Elle a également pour objectif d’améliorer la pertinence des examens d’imagerie », ajoute le texte.
Le Dr Béroud se réjouit de ce feu vert, certes prudent, à des projets qui, souligne-t-il, resteront d’abord des expérimentations. « L’idée est de lancer des projets et d’en faire ensuite le bilan avant d’envisager d’aller plus loin. Car aujourd’hui, l’imagerie a pris une place de plus en plus importante dans la prise en charge des patients au sein des établissements de santé. Un hôpital, qui a des problèmes pour faire fonctionner son service d’imagerie, aura des problèmes pour faire fonctionner toute son activité », souligne le Dr Béroud, en insistant sur la nécessité d’être vigilant face à certaines solutions risquées pour le maintien des bonnes pratiques. « Certains établissements pourraient être tentés de fonctionner sans radiologues, en se contentant d’envoyer les images pour interprétation à droite ou à gauche. Pour nous, il n’est pas concevable de faire de la radiologie sans les radiologues. Cela ne peut que conduire à des pratiques dégradées. Nous sommes favorables à la téléradiologie, mais il faut que son organisation soit conforme aux règles de bonnes pratiques professionnelles et que cela réponde à des problèmes spécifiques, comme la permanence de soins ou, ponctuellement, le besoin d’avoir un deuxième avis », estime le Dr Béroud. « Si nous ne faisons pas ce travail de mise en commun de nos compétences et de nos équipements, nous risquons ne plus avoir de moyens humains suffisants pour continuer à faire une radiologie de qualité », ajoute-t-il, en précisant que ce Projet Professionnel Commun fait partie des dix mesures du plan Imagerie préconisé par le G4.
D’après un entretien avec le Dr Pascal Béroud secrétaire général du Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH).
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