L’OBJECTIF DU FORUM d’experts consacré à la dépression, organisé par « le Quotidien » avec le soutien institutionnel des laboratoires Lündbeck, était de faire un tour d’horizon de la maladie dépressive dans ses différents aspects : les symptômes et les outils diagnostiques, le traitement, la prise en charge et le suivi des patients, mais aussi l’image sociale et médiatique de la maladie, son impact en termes de dépenses de santé, etc. Pour préparer cette rencontre, « le Quotidien » a mené une enquête auprès de ses lecteurs. En effet, qui mieux que les généralistes, régulièrement confrontés au problème de la dépression, peuvent parler de son diagnostic et de sa prise en charge ? Une pathologie qui les concerne vraiment, comme en témoigne le nombre important de réponses (584) à cette enquête réalisée sur le site internet « lequotidiendumedecin.fr » et par newsletter.
À la première question : chez combien de patients par mois en moyenne faites-vous le diagnostic d’épisode dépressif (1er épisode ou récidive) ? 56 % des généralistes ont répondu entre 1 et 5, 31 % de 6 à 10. Un praticien sur dix a néanmoins déclaré posé de 11 à 20 diagnostics de dépression chaque mois. Pour le Dr Personnic, ce résultat montre qu’il existe une grande hétérogénéité dans la prise en charge de cette pathologie en ville, certains médecins ayant une importante patientèle souffrant de troubles psychiatriques, d’autres beaucoup moins.
Dans 88 % des cas, le médecin fonde le diagnostic d’épisode dépressif sur les symptômes évocateurs exprimés par le patient. 34 % utilisent en outre les critères DSM IV pour conforter leur diagnostic et 28 % des échelles d’évaluation et/ou des questionnaires validés. Un taux relativement faible, alors que les échelles constituent une aide précieuse, surtout pour le suivi des patients, précise le Dr Personnic.
Antidépresseurs : à qui et combien de temps ?
La mise en route d’un traitement antidépresseur est réservée aux patients souffrant d’un épisode dépressif majeur (c’est-à-dire caractérisé) modéré pour 61 % des généralistes. 22 % ne prescrivent un antidépresseur que s’il s’agit d’un épisode dépressif majeur sévère. À l’inverse, 17 % mettent en route un traitement dans tous les cas, quelle que soit la sévérité de l’état dépressif.
86 % ont recours à d’autres moyens thérapeutiques, dans 89 % une psychothérapie, 33 % optent pour des méthodes de relaxation, 27 % préfèrent la phytothérapie en complément du traitement pharmacologique.
À la question : lorsque vous prescrivez un traitement antidépresseur, rencontrez-vous des réticences ou un refus de la part de vos patients ? 50 % répondent « rarement », mais 46 % « souvent », ce qui illustre une certaine crainte ressentie par des patients soumis de plus en plus à des informations multiples sur les « dangers » des médicaments en général et des psychotropes en particulier. Mais, note le Dr Personnic, le refus du traitement est surtout exprimé lors de la première consultation. Comme l’ont souligné les experts lors du Forum, pour mettre en route un traitement et garantir au mieux l’observance thérapeutique, il faut prendre son temps. Proposer d’emblée un médicament n’est pas toujours très productif, il vaut mieux en discuter tranquillement avec le patient et ne le prescrire qu’à la 2e ou 3e consultation.
En revanche, contrairement à certaines idées reçues, rares sont les patients qui demandent un traitement antidépresseur à leur médecin. En effet, 69 % des participants à l’enquête déclarent avoir rarement des demandes injustifiées ou excessives de traitements antidépresseurs de la part de leurs patients.
Plus d’un tiers des médecins prescrivent le traitement antidépresseur jusqu’à 6 mois après la rémission complète des symptômes, 29 % jusqu’à 3 mois après la rémission complète des symptômes, 19 % plus de 3 mois, mais sans prendre en considération la disparition des symptômes, et 8 % arrêtent le traitement dès la rémission complète des symptômes.
Quant aux contre-indications aux antidépresseurs, la majorité des participants à l’enquête citent les enfants et les très jeunes adolescents. 83 % des médecins ne prescrivent pas d’antidépresseur chez les jeunes patients de moins de 15 ans. 43 % considèrent que l’abus d’alcool ou d’autres substances constitue une contre-indication à la mise en route d’un traitement antidépresseur. Pourtant, souligne le Dr Personnic, l’alcoolisme et la toxicomanie ne sont pas des contre-indications. Une meilleure information des praticiens à ce sujet devrait être menée, ajoute-t-il. 29 % ne prescrivent pas de traitement antidépresseur aux patients ayant des conduites suicidaires présentes ou passées, mais comme le montre la réponse à une question suivante, la plupart d’entre eux adressent systématiquement ces sujets à un confrère psychiatre. En revanche, le grand âge ne représente une contre-indication que pour 18 % des médecins, l’insuffisance rénale pour %.
Un suivi attentif.
38 % des participants voient leurs patients sous antidépresseur régulièrement, jusqu’à 6 mois après la rémission complète des symptômes, 34 % régulièrement jusqu’à l’arrêt du traitement et 24 % régulièrement jusqu’à la rémission complète des symptômes.
Le recours au spécialiste est très fréquent en cas de comorbidités psychiatriques (86 %) et de conduite suicidaire présente ou passée (79 %). Le médecin adresse également son patient au psychiatre s’il présente des épisodes dépressifs récurrents (57 %) ou en cas de contre-indication à un traitement antidépresseur (39 %), mais aussi parfois si le patient se trouve en situation d’isolement et/ou de précarité.
1) Réunion organisée avec le soutien institutionnel du Laboratoire Lundbeck.
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