La communication ville/hôpital a parfois de gros ratés. Dans le Nord, l'initiative du CH de Roubaix ne passe pas du côté des médecins libéraux locaux.
Il y a quelques semaines, le centre hospitalier a ouvert un cabinet de consultations spécialisées avancées à Wasquehal, dans la toute proche banlieue lilloise, comme le relate la presse locale. Six médecins spécialistes y assurent, chacun à leur tour, une demi-journée de rendez-vous : trois chirurgiens urologues, une néphrologue, une endocrinologue et un chirurgien plastique et esthétique.
Problème, ce cabinet de consultations décentralisées aurait été installé « sans concertation avec les libéraux », peste le Dr Philippe Chazelle, président de l'URPS médecins libéraux des Hauts-de-France et stomatologue.
Surtout, cette opération ne répondrait pas à un besoin de santé publique car, selon lui, la couverture médicale est correctement assurée aux alentours de Wasquehal. « Il y a 350 spécialistes libéraux et hospitaliers dans les 4 km autour de la commune, assure le Dr Chazelle. Par exemple en chirurgie esthétique, il y a des médecins installés à Roubaix, Marcq-en-Barœul, Lille ou encore Tourcoing, qui sont des villes très proches. »
À Maubeuge et Grigny, déjà du rififi
Le médecin déplore cette initiative hospitalière à Wasquehal « alors que d'autres zones du département sont, elles, déficitaires en offre de soins ». « On a l'impression que c'est une agression délibérée envers les libéraux, voire une demande politique », juge le stomatologue, tout en précisant que cela aura « peu d'effet » sur la patientèle des médecins libéraux.
Président de la conférence nationale des URPS de médecins libéraux, le Dr Philippe Boutin (CSMF), s'est également emparé du sujet. Lui aussi regrette que l'ouverture de ce cabinet n'ait pas été « négociée » avec les acteurs libéraux de terrain. « À ma connaissance, l'agence régionale de santé n'est pas au courant non plus, ce serait une première », insiste le Dr Boutin. Le président des URPS s'inquiète du développement de telles pratiques « dans des zones où l’offre de soins est déjà suffisante », ce qui ne pourrait que « dissuader les libéraux de s’installer dans les années à venir ».
Contacté, l'hôpital de Roubaix tient à préciser que « le projet d’ouverture de ce cabinet a été mené en concertation avec les médecins libéraux de la ville de Wasquehal », qui ont été rencontrés plusieurs fois, « sans susciter d’opposition ». « Ce cabinet ne concerne pas les spécialités représentées à Wasquehal qui sont la pédiatrie et la dermatologie », précise de plus le centre hospitalier.
Il y a quelques mois déjà, des consultations hospitalières avancées en médecine générale avaient déclenché les foudres des libéraux. En région parisienne, à Grigny (Essonne), le Centre hospitalier sud francilien (CHSF) a ouvert en janvier une consultation avancée de médecine générale dans des locaux municipaux, assurée par un praticien salarié du CHSF.
Quelques semaines plus tard, c'est à Maubeuge, dans le Nord, qu'un autre cabinet avait été ouvert. Dans les deux cas, les syndicats de médecins libéraux – la FMF et les Généralistes CSMF – avaient dénoncé le manque de concertation avec la ville.
Article modifié le mercredi 13 décembre à 10 h 45, afin de prendre en compte la réponse de l'hôpital.
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