Comment survivre sans médecins ?

Les hôpitaux de proximité subissent de plein fouet la désertification

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Publié le 01/12/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

La réforme des groupements hospitaliers de territoire (GHT) fait craindre aux acteurs des petits établissements de soins d'être laissés sur le bord de la route. Concernées au premier chef par la pénurie de médecins généralistes, les structures de premier recours (hôpitaux, maisons et centres de santé) se sont inquiétées de leur avenir immédiat lors du colloque national des hôpitaux de proximité qui s'est tenu la semaine dernière à Bagnolet (Seine-Saint-Denis).

Derrière le terme d'hôpitaux de proximité se cachent 243 établissements, petits centres hospitaliers ou hôpitaux locaux (où exercent 2 255 médecins généralistes libéraux) très ancrés dans les territoires et qui bénéficient depuis 2016 d'un financement dérogatoire à la tarification à l'activité (T2A). La réforme nationale de la carte hospitalière, qui légitime les CHU dans leur rôle de capitaine de GHT, alimente un sentiment général de déclassement. « L'objectif des GHT est de réguler l'offre de soins, pas de mettre en place une logique de parcours, constate Dominique Colas, président de l'association nationale des centres hospitaliers locaux (ANCHL). Le directeur de l'hôpital de Lamballe (Côtes-d’Armor) regrette le cloisonnement entre les grands établissements des GHT, « bien hospitaliers, bien publics et bien fermés dans leur forteresse pour augmenter l'activité » et les petites structures à qui les tutelles demandent d'organiser les parcours de soins des patients âgés entre l'hôpital et la ville « sans cadre, sans acteurs et sans moyens ».

Développer la culture du travailler ensemble

Outre ce fossé, le défi de la désertification médicale fragilise aussi les petits établissements, déplorent les acteurs du secteur. Les cabinets libéraux isolés laissés à l'abandon lors des départs en retraite sont légion. « Nous, vieux médecins, avons manqué de culture du "travailler ensemble", qu'il reste à développer dans les hôpitaux de proximité mais aussi dans les centres et maisons de santé », reconnaît le Dr Pascal Gendry, représentant de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS).

L'engouement des jeunes médecins pour l'exercice regroupé fait en tout cas espérer des jours meilleurs au Dr Christian de Gaye, président de l'association nationale des médecins généralistes des hôpitaux locaux (AGHL). « Les médecins isolés n'ont ni le temps ni le financement pour s'impliquer dans les hôpitaux. Mais à l'inverse, les jeunes professionnels accourent quand un centre ou une maison est adossé à l'établissement et dans le cas d'un projet médical solide », s'enthousiasme le généraliste de Mauléon Soule (Pyrénées-Atlantiques).

Soucieux de « sauver les hôpitaux et les territoires », les représentants des hôpitaux de proximité étudient avec attention la possibilité offerte aux structures hospitalières de porter un projet de centre de santé, comme l'a fait le l'hôpital Édouard Toulouse, établissement psychiatrique des quartiers Nord de Marseille.

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9539