La négociation conventionnelle organise-t-elle le « lynchage » de la pédiatrie libérale ? C'est du moins la crainte très vive du SNPF qui appelle aujourd'hui à un arbitrage ministériel, et réclame la création d'une lettre clé spécifique (comme les psychiatres et les cardiologues) afin de reconnaître la spécificité de la pédiatrie.
Lors des « négos », le directeur de la CNAM a suggéré de mettre en place trois niveaux de rémunération (à 28, 31 et 46 euros) pour les pédiatres de secteur I ou adhérant au contrat d'accès aux soins (CAS).
Le premier niveau concernerait le suivi des pathologies courantes des enfants de plus de 6 ans. Le deuxième se rapporterait au suivi des enfants de 0 à 6 ans et aux consultations spécifiques (prise en charge de l'obésité, première consultation longue de contraception). Le troisième échelon serait réservé aux examens approfondis de l'enfant ( 8e jour, 9e mois, 24e mois), aux avis de consultant et aux consultations complexes (sorties d'hospitalisation, prématurés, malades congénitales graves…).
Perte d'attractivité
Le SNPF a fait ses calculs. Les deux premiers seuils de tarifs restent inchangés et, in fine, la proposition de la Caisse « n'apportera qu'une maigre revalorisation à la pédiatrie ». Jusqu'à aujourd'hui, deux autres tarifs sont en vigueur à 38 et 41 euros (hors majoration).
« Ce que l'on nous propose représente en moyenne 1 000 à 1 500 euros par an et par pédiatre à actes constants », se désole le Dr Éric van Melkebeke, pédiatre dans les Côtes-d'Armor, et membre également de la délégation du Syndicat des médecins libéraux (SML). La situation est d'autant plus mal vécue que les pédiatres redoutent une baisse d'activité à la faveur de la création du médecin traitant de l'enfant dans la prochaine convention.
Dans l'hypothèse d'une revalorisation de la consultation de base à 25 euros, la CNAM a proposé d'ouvrir également trois niveaux de consultation aux médecins généralistes pour la prise en charge des enfants (à 25, 30 et 46 euros). Une grille tarifaire très proche de celle envisagée pour les pédiatres. Du coup, le SNPF se dit « choqué par le principe de mettre au même niveau de rémunération des consultations qui sont effectuées à un niveau d'expertise différent » – la durée de l'internat de la pédiatrie devrait passer de 4 à 5 ans.
MG France dénonce au contraire un écart de tarifs qui perdure entre généralistes et pédiatres pour les mêmes actes et réclame « l'équité tarifaire » absolue.
La CNAM temporise
Pour le SNPF en tout cas, les propositions de l'assurance-maladie sont de nature à pénaliser la pédiatrie de ville, déjà fragilisée et au bas de l'échelle des revenus. Selon les statistiques de la CARMF, le BNC des pédiatres libéraux est de 67 500 euros annuels contre 74 500 euros de résultat pour les généralistes (tous secteurs confondus).
Face aux critiques, la CNAM s'emploie à calmer le jeu. « Il n’a jamais été question de baisser le niveau des revenus découlant des remboursements des consultations aux pédiatres », assure l'assurance-maladie. Elle affirme même que sa proposition de majorer le tarif des consultations ciblées sur les enfants de moins de 2 ans (deux tiers des patients suivis par les pédiatres) est susceptible de représenter, pour les revenus de l'ensemble des pédiatres, un montant de « plusieurs millions d’euros par an ».
« Les consultations longues pour examen approfondi pour les enfants de 0 à 2 ans et en sortie de maternité jusqu’au 28e jour, actuellement valorisées entre 33 et 38 euros par le biais des majorations seraient portées à 46 euros », souligne la caisse.
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