Paris (75)
Rachel Bellon
Je vous écris suite à votre dossier « De l’erreur médicale au suicide ». J’ai été « choquée » de lire que des soignants se suicidaient à cause d’erreurs médicales qu’ils avaient commises. J’ai moi-même été victime d’un accident médical qui a failli me coûter la vie aux urgences obstétricales d’un hôpital public parisien et la responsabilité du médecin, jeune interne en obstétrique, a été prouvée par une expertise CRCI. Pour info, suite à de la fièvre et des douleurs abdominales intenses en début de grossesse mal prises en charge, mon état s’était détérioré et j’avais fait un choc septique avec CIVD sur fausse couche, qui avait nécessité une mise sous sommeil artificiel pendant 13 jours pour rétablir mes paramètres vitaux.
Les conséquences ? Une amputation transmétatarsienne du pied droit, une greffe du bout d’un pouce et une ménopause précoce. Mais je suis vivante.
Après m’en être sortie, j’ai voulu faire la lumière sur cette affaire et ai demandé au chef de service de l’époque de revoir l’interne pour exprimer ce que j’avais ressenti lors de ma prise en charge aux urgences (il m’avait mal accueillie, n’avait pas pris au sérieux mon état et m’avait laissée repartir sans prescription antibiotique) et lui donner la possibilité de s’expliquer. Il m’a présenté des excuses que j’ai acceptées. J’espère aujourd’hui que cette initiative de mettre les choses à plat lui a permis de ne pas rester dans la culpabilité et de continuer ce métier. Je considère que les soignants sont faillibles comme moi. Dans ma situation, je n’ai jamais fait preuve d’agressivité dans ma demande d’explications mais je n’ai pas lâché prise pour les obtenir malgré des moments de découragement et de colère.
Revalorisez la clinique !
Sombernon (21)
Dr Pierre Romain
J’approuve ce qu’écrit le Dr Legroux dans un précédent « Quotidien des lecteurs » intitulé « Hollande, destination danger » [notre édition du 16 avril, NDLR]. Il faudrait enfin un numerus clausus à l’installation, bien sûr après une négociation équilibrée entre l’URPS et l’État. Il s’agit d’un simple respect des citoyens français qui souffrent d’un déséquilibre de l’aménagement du territoire.
Je suis frappé de voir comment se comportent certains patients des villes (témoignage de mes remplaçants, lorsqu’ils travaillent en ville) et nos patients à la campagne. En tant que maître de stage, je vois la satisfaction des internes, qui peuvent prendre le temps de faire une bonne médecine CLINIQUE (donc, qui coûte moins cher, puisqu’on prend du temps pour réfléchir à la pertinence des examens complémentaires). Nous avons la chance d’avoir eu des maîtres qui nous ont appris que l’examen complémentaire était complémentaire de la clinique ! Il faudrait revaloriser très largement l’acte clinique (un euro de revalorisation est une insulte !) ; mais bien sûr, cette idée est trop simple pour qu’elle soit appliquée un jour. La course à l’acte est malheureusement dépendante de la faible valeur de celui-ci et des charges (importantes en milieu urbain) ; les jeunes généralistes, qui ont passé le même internat que les spécialistes d’organe, accepteront-ils longtemps un C à 23 euros ?
Étant peu nombreux à la campagne, nous n’avons aucun mal à résister à la surenchère des demandes de certains patients !
Signé : un médecin généraliste rural (heureux d’avoir quitté Paris).
Hospitalisation privée : une nouvelle étape en Allemagne
Villeurbanne (69)
Dr Paul Garassus*
Dans un marché jugé comme difficile par les investisseurs et de ce fait plutôt atone en France, le secteur de l’hospitalisation privée allemand va subir une recomposition inattendue. Fresenius, leader mondial en dialyse et propriétaire du groupe Helios Kliniken, vient de faire une offre de reprise sur Rhön-Klinikum.
Pour une valeur de 3,1 milliards d’euros, cette fusion-acquisition devrait être confirmé dans les semaines à venir du fait de la valeur attractive de l’offre de rachat des titres. La transaction est pilotée par un consortium de banques, Deutschen Bank, J.P. Morgan, Société Générale, Crédit Suisse et UniCredit. Le quotidien « Die Welt » titrait sur la naissance d’un géant, et Ulf Schneider, dirigeant de Fresenius, rappelait dans le « Frankfurter Allgemeine Zeitung » que le marché allemand de l’hospitalisation privée reste encore morcelé.
Par l’acquisition successive des groupes Damp puis Rhön-Klinikum, Helios prend donc la première place du secteur. Le chiffre global de CA annuel estimé sera de 5,6 milliards d’euros pour près de 120 établissements. Cette stratégie de regroupement n’est pas isolée, le groupe concurrent Asklepios avait racheté MediClin en 2011 pour un CA annuel cumulé de 2,8 milliards d’euros.
Ces fusions interrogent de la part d’investisseurs aussi avisés car le secteur de la santé en Europe va devoir endurer des temps difficiles dus aux restrictions budgétaires des états membres. Le pari est donc sur l’optimisation de gestion offerte par des tailles industrielles de regroupements hospitaliers.
Alors que l’on observe en France une nette stagnation des transactions dans un monde hospitalier privé désenchanté et contraint, l’annonce de restructurations majeures en Allemagne affichant des rentabilités « à deux chiffres » impressionne. Le BDPK, à Berlin, nous a confirmé qu’ici aussi les tendances sont à la réduction de la taille ou « down-sizing » et du nombre d’établissements. Ces groupes allemands comprennent des réseaux professionnels et des maisons de santé spécialisées, se positionnant ainsi sur l’offre de soins globale. Quelle place pour un nouveau « géant » du secteur, quelle pertinence économique pour réussir ce pari d’envergure… ? Voilà toutes les questions qui ne manqueront pas de se poser. À nous d’en tirer des leçons sur les stratégies d’investissements et d’efficience hospitalière.
* Le Dr Paul Garassus est vice-président de la Société française en économie de la santé (SFES), membre de l’UEHP
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