Signe d’une cohabitation incontournable entre le Coran et le stéthoscope à Mayotte, le contact établi entre la direction de l’hôpital et les représentants du culte musulman. « Nous travaillons à ne pas heurter les croyances et respecter les rites religieux », explique Catherine Barbezieux-Betinas, directrice du CHM. Souvent, c’est autour de la mort que peuvent se cristalliser les malentendus voire des confrontations houleuses ou, c’est arrivé, l’enlèvement musclé du corps par la famille du défunt.
Une autopsie, par exemple, est mal comprise quand la religion préconise une toilette funéraire et un enterrement avant le coucher du soleil si la mort est survenue dans la journée. « Nous étudions les situations au cas par cas et expliquons les choses pour éviter les rumeurs comme celle récurrente du vol d’organes. »
L’hôpital privilégie un échange régulier avec les cadis de l’île. Ces juges musulmans, devenus des agents territoriaux et médiateurs de la cohésion sociale au sein du conseil général suite à la départementalisation de 2011, veillent au quotidien à une sereine alliance entre la République de Marianne et la loi d’Allah. « Sur la santé, nous avons actuellement pour projet l’installation d’un second aumônier à l’hôpital, détaille Younoussa Abaine, directeur de la médiation et cohésion sociale au département. Et aussi de pouvoir organiser des visites de religieux aux malades hospitalisés le jour de l’Aïd ou encore de mettre en place un espace de prière pour le personnel. »
À la maternité, les praticiens sont aussi confrontés chaque jour aux rituels. Sabine Toussaint, cadre sage-femme, raconte : « Les nouveaux collègues sont parfois étonnés car ici, par exemple, les mères demandent souvent à récupérer le placenta pour ensuite l’enterrer et éloigner le mauvais œil. Parfois, le respect des coutumes est difficilement gérable avec la vie d’un service : « Le collectif, la famille sont très importants. Une naissance fait venir beaucoup de proches à la maternité et à toute heure. Dans un service en tension comme le nôtre, il faut mettre des règles pour les visites sinon on ne peut plus travailler correctement. Une fois ces particularités comprises, dans l’ensemble, tradition et modernité cohabitent bien. »
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